AFFAIRE BOEING 777-200 - Les deux promoteurs recherchés arrêtés

Le président de la République, Andry Rajoelina, s’est réservé la primeur de l’information. Dans une lettre de reconnaissance envers les Forces de l’ordre, il annonce, hier, tôt le matin, que les deux personnes recherchées dans l’affaire des Boeing 777-200 ont été arrêtées.

L’avis de recherche émis contre les deux individus arrêtés le 30 juillet.

Le coup de filet s’est déroulé le 30 juillet. Andry Rajoelina, président de la République, s’est accordé la primeur d’annoncer l’information. Les deux personnes recherchées dans l’affaire des cinq Boeing 777-200 livrés en Iran ont été arrêtées par la brigade criminelle de la Police nationale.

Comme indiqué précédemment, les deux individus ont été appréhendés le 30 juillet. Selon une source avisée, “ils se sont cachés et ont éteint leur téléphone mobile. C’est la raison pour laquelle il a fallu un peu de temps pour les localiser”. Le premier, dénommé Heriniaina Rijasoa Andriamananarivo, a été arrêté à Antsirabe, mercredi, à 17 heures 45 minutes. Le second, qui a pour nom Singh Khushwinder, a quant à lui été interpellé le même jour, à 21 heures, du côté de Faliarivo Ampitatafika.

Ces deux individus sont indiqués par les autorités comme étant les promoteurs de l’éventuel partenariat entre Madagascar Airlines et un investisseur basé en Inde. La dotation de cinq avions serait dans le package. Des aéronefs qui ont finalement été livrés en Iran, en juillet, grâce à la falsification du Certificat d’immatriculation provisoire (CIP) et d’un Certificat de navigabilité (CDN) provisoire, accordés par l’Aviation civile de Madagascar (ACM). Ces documents ont expiré le 17 avril 2025 et le 21 avril 2025.

Les avis de recherche émis contre les deux hommes ont été rendus publics durant une conférence au ministère des Transports et de la Météorologie, à Anosy, lundi. Ils sont les principaux suspects dans une plainte pour faux et usage de faux, ainsi que pour atteinte à la sûreté de l’État. Andry Rajoelina a fait part de leur arrestation dans une lettre officielle publiée sur la page Facebook de la présidence de la République, hier.

Dans cette missive, le chef de l’État exprime sa “reconnaissance” envers les agents de la police qui ont interpellé les deux personnes recherchées. “Porter atteinte à la souveraineté nationale ou salir l’image de Madagascar est inacceptable”, indique-t-il dans cette lettre officielle. Le président de la République ajoute : “Je réaffirme ma détermination à combattre sans relâche pour la Nation, et je n’accepterai jamais les agissements de ceux qui cherchent à ternir l’honneur et la dignité de notre pays”.

Réseau international

Mercredi, c’est aux membres du gouvernement que le locataire d’Iavoloha a adressé un message, en ouverture du Conseil des ministres. “Le chef de l’État (...) a souligné que toute décision engageant la Nation doit faire l’objet d’une réflexion approfondie et être guidée par la sagesse, le discernement et le souci du bien commun. Il a appelé à éviter toute mesure qui pourrait porter atteinte aux intérêts du pays ou compromettre la confiance du peuple”, rapporte le communiqué de la réunion.

Les arrestations du 30 juillet devraient accélérer l’enquête sur cette “Irangate”. Durant la cérémonie de passation pour prendre l’intérim du ministre des Transports et de la Météorologie, mardi, Christian Ntsay, Premier ministre, a indiqué qu’outre l’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI), l’État sollicite aussi les États-Unis via le FBI et Interpol pour booster l’enquête internationale. Il a laissé entendre qu’il y aurait un réseau international derrière cette affaire.

Selon les médias internationaux, la société Udaan, dont le dépositaire est Singh Khushwinder, fait partie d’un réseau de sociétés écrans présentes dans plusieurs pays. Le média mauricien l’Express.mu rapporte : “Une société du nom d’Udaan Potentials Ltd, dirigée et détenue à 90 % par ce même Khushwinder Singh, avait été enregistrée à Maurice en novembre 2019 (...), avant d’être dissoute, le 16 janvier dernier, soit à la veille de l’octroi des CIP et CDN provisoires par l’ACM, le 17 janvier”.

Selon l’agence Ecofin, une société dénommée Udaan Aviation est basée en Inde. Celle du même nom, dont le siège social serait basé à Analamahitsy et ressemblant à un lupanar, en serait la filiale. Ce serait donc la maison mère, basée en Inde, qui aurait demandé les documents d’immatriculation. Une demande accordée par l’ACM “sur instruction” de l’ancien ministre des Transports et de la Météorologie, selon une réponse à une demande d’explication signée par son directeur général.

Initialement, ces documents provisoires devaient permettre le convoyage de cinq Boeing 777-200 vers un atelier de maintenance agréé au Kenya, puis pour rejoindre Madagascar une fois le certificat technique obtenu. Durant la conférence de presse de lundi, il a été indiqué que les promoteurs n’ont plus donné suite aux discussions une fois les CIP et CDN provisoires obtenus. Visiblement, dès le départ, leur plan était d’utiliser ces documents pour effectuer les livraisons en Iran.

Vilipendé par une partie de l’opinion publique, l’État veut démontrer sa bonne foi dans cette affaire, notamment en requérant la contribution d’entités internationales. Le principal enjeu étant de rassurer les partenaires internationaux, surtout les États-Unis, et éviter ainsi d’éventuelles représailles.

Garry Fabrice Ranaivoson

Enregistrer un commentaire

Plus récente Plus ancienne