Alors que l’administration Trump a sorti un rapport climatosceptique, la santé de la planète semble pourtant indiquer que cette démarche ne peut qu’entretenir un voile d’illusion. Les symptômes qui indiquent que le monde subit une fièvre, le réchauffement climatique, ne cessent d’apparaître. Et récemment, on apprend un blanchissement alarmant de la Grande Barrière de corail, énième signe d’un fléau perpétué par la volonté insatiable humaine de vouloir plier la nature à sa volonté.
Le diagnostic réaffirme cette hausse de la température mondiale. Cette décoloration de la Grande Barrière de corail est le résultat d’un processus, du réchauffement climatique qui dévore ce qui s’offre à sa portée. C’est la nature qui paie cher pour les actions des ambitions démesurées humaines. C’est en réduisant la nature en esclavage, en la soumettant à nos caprices, qui portent en eux une force destructrice impitoyable, que l’homme, tel un parasite, l’a infectée et lui a infligé des maux qui ont aussi un énorme potentiel vindicatif. Sa vengeance peut déjà être ressentie, elle affecte notre bien-être qui est atteint quand la Terre devient, entre autres, avare en ressources. L’altération de la Grande Barrière de corail peut ainsi être interprétée comme un autre avertissement.
Une intensité de chaleur inédite a expulsé les algues microscopiques qui entretenaient un lien symbiotique avec les coraux dont la nourriture et la couleur furent fournies par ces voisins chassés par le réchauffement climatique. La beauté des océans, célébrée notamment par Jules Verne dans Vingt mille lieues sous les mers (1870), est menacée. Cette détérioration est comme une blessure béante pour la mer qui est considérée comme un tout vivant par Rachel Carson dans son livre La Mer autour de nous (1950). Elle couvre 70,8% de la surface du globe, de cette nature louée par Henry David Thoreau comme source d’épanouissement. L’harmonie qu’on y trouvait est cependant brisée par les conséquences des actes humains.
« Agis de façon que les effets de ton action soient compatibles avec la permanence d’une vie authentiquement humaine sur Terre. » écrivait le philosophe Hans Jonas dans son livre Le Principe Responsabilité (1979). Être le principal facteur du blanchissement de la Grande Barrière de corail pourrait être enregistré comme un « accomplissement » de plus dans le travail d’annihilation d’écosystèmes auquel homo sapiens est devenu le plus grand spécialiste. Avec la Grande Barrière de corail, plusieurs autres organismes qu’elle abrite sont aussi menacés, dont des poissons qui sont de précieuses sources de protéines. L’homme continue ainsi d’être en même temps la cause et la victime du réchauffement climatique.
Fenitra Ratefiarivony