AMÉNAGEMENT - Les remblais reprennent de plus belle

Les travaux de remblai continuent de plus belle autour d’Antananarivo. Le flou entre les autorités et le manque de coordination ouvrent la voie à des pratiques persistantes.

Des remblais en cours dans les environs du By-Pass, en dépit de la réglementation en vigueur.

Le long de la RN2, dans les environs d’Ambohimangakely ou encore aux abords du By-Pass, plusieurs chantiers de remblaiement ont été observés ces dernières semaines. Or, ces pratiques sont interdites depuis 2022 par l’Autorité pour la protection contre les inondations de la ville d’Antananarivo (Apipa). « Cette décision reste en vigueur », confirme un cadre de l’organisme.

Certains remblais déjà sanctionnés ont néanmoins repris après interruption. Plusieurs mesures administratives ont été prises, notamment le scellage des terrains, l’immobilisation d’engins et des amendes. Des dossiers ont également été transmis à la Gendarmerie pour poursuites judiciaires.

Selon une source proche du dossier, le maintien de ces activités illégales s’explique par une absence de coordination entre les institutions impliquées. Des élus locaux, notamment des maires, sont accusés d’avoir délivré des permis de construire sur des zones pourtant classées inconstructibles.

« Ils délivrent des autorisations sans consultation ni coordination. Nous découvrons les constructions a posteriori », déplore un agent de l’administration foncière.

Réforme

Un maire d’une commune traversée par le By-Pass conteste ces accusations. Il affirme avoir reçu une note de rappel de l’Apipa en 2024 rappelant le caractère illicite des remblais, et assure que des consignes ont été données aux services communaux. « Nous avons également été informés que toute autorisation en infraction expose son signataire à des sanctions pénales », précise-t-il.

Selon cette même source, les mairies manquent de moyens humains et matériels pour contrôler l’ensemble des chantiers sur leur territoire. Une large partie des constructions observées sur les zones remblayées ne disposeraient d’ailleurs d’aucun permis.

Au-delà des sanctions individuelles, plusieurs acteurs plaident pour une refonte de la gouvernance du foncier et de l’aménagement. « Il faut une coordination effective entre les services du cadastre, des domaines, et ceux chargés de l’urbanisme », souligne un maire.

Il propose également d’informer systématiquement les acquéreurs de terrains sur les règles d’usage, afin d’éviter les situations d’illégalité a posteriori.

En l’absence de cadre opérationnel renforcé, la prolifération des remblais pourrait aggraver les risques d’inondation et compromettre les efforts de planification urbaine dans la région d’Antananarivo.

Miangaly Ralitera

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