Tout ou rien

Le délestage est de retour. Visiblement il s’est amplifié depuis quelques jours avec des coupures hors programme. Les solutions ne sont pas pour demain la veille. Il faudra attendre les parcs solaires annoncés pour y voir un peu plus clair. Pour le moment tout est confus. On ne sait plus où en est la Jirama. Le Conseil d’État vient de rejeter les requêtes des syndicats des employés de la Jirama demandant la suspension du nouveau statut de la Jirama. Ce qui signifie que la Jirama est plus ou moins « privatisée » avec l’entrée de nouveaux actionnaires. 

En revanche, le président de la République affirme à qui veut l’entendre qu’il n’a jamais été question de privatisation et que la Jirama reste propriété entière de l’État. 

Les employés n’en démordent pas et reviennent à la charge au Conseil d’État pour demander l’annulation du décret instaurant le nouveau statut de la Jirama. L’issue de cette démarche ressemblera certainement à celle de la première tentative. 

Seul espoir, l’accord de la Banque mondiale pour un financement de 100 millions de dollars en soutien aux réformes structurelles de la Jirama dans le cadre du projet Program for Results (PforR). C’est donc, comme son nom l’indique, un soutien conditionné par l’obtention des résultats dans la restructuration de la Jirama. Autrement dit, c’est l’État ou les nouveaux actionnaires de la Jirama qui vont d’abord investir dans le redressement de la Jirama. Le fonds sera décaissé au fur et à mesure des résultats. C’est tout ou rien.

C’est un nouveau système car, pour une fois, l’argent ne sera pas donné sans aucun contrôle et sans la moindre évaluation. Si les subventions accordées par les bailleurs de fonds n’ont jamais pu apporter le développement espéré ni réduit la pauvreté, c’est parce que, le plus souvent, elles ont été accordées généreusement et sans obligation de résultats. 

Ce système de contrôle et de suivi doit être étendu dans les autres projets financés par les différents bailleurs de fonds. Il est triste de constater qu’en presque un demi-siècle de coopération avec eux, on en est à cette pauvreté abyssale, cette destruction générale des infrastructures, ce problème récurrent d’énergie, ce déficit de la balance commerciale, cette défaillance de l’éducation, ce recul de la santé publique…

Il était donc temps de serrer la vis pour que les seules perspectives ne soient pas la charité, la mendicité et un éternel assistanat. On mérite mieux.

Sylvain Ranjalahy

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