Est-ce une surprise ? Le taux de réussite à l’examen du BEPC à Antananarivo en particulier et dans les autres villes en général a été très bas. Environ 56% des candidats ont passé l’examen avec succès dans la capitale. C’est l’un des taux de réussite les plus bas dans les annales. Une tendance conforme au niveau de l’éducation depuis quelques années et qui est la conséquence de la mauvaise qualité des enseignants. Le constat est de la Banque mondiale qui a soulevé il y a quelques années que des enseignants du primaire ne maîtrisaient pas la division euclidienne, que des enseignants n’ont même pas le niveau des élèves.
Tout commence pourtant à l’école primaire. C’est là justement que le bât blesse. La qualité et la compétence des enseignants n’ont jamais cessé de dégringoler d’année en année depuis quelques années. D’abord, parce que les vocations semblent se raréfier vu le mauvais traitement infligé aux enseignants, parents pauvres de la fonction publique. Les enseignants à tous les niveaux en général et les « instits » en particulier perçoivent un salaire de misère que le métier a fini par être dévolu aux maîtres par nécessité, aux profs fourvoyés dans leur choix, aux éducateurs par hasard.
L’insuffisance d’enseignants se fait alors sentir lentement mais sûrement. C’est d’autant plus vrai qu’il fut un moment où les bailleurs de fonds avaient interdit les nouveaux recrutements dans la fonction publique. Et quand ils ont décidé de reprendre les embauches, on a fait appel à des « tout venants » sans formation, sans qualification et sans vocation pour assurer la fonction d’enseignant. Et on recrute même par vague de dix mille par an. En 2018, on était fier d’annoncer que quarante mille enseignants Fram ont pu être intégrés dans la fonction publique.
Ce qui est étonnant c’est de voir les bailleurs de fonds « s’étonner » des résultats qui n’ont rien d’étonnant.
À côté, les enseignants normaliens qui suivent un cursus supérieur et dont la formation coûte de l’argent à l’État multiplient les grèves pour réclamer des postes budgétaires.
La situation n’est pas prête de changer quand on connaît les contraintes imposées par les bailleurs de fonds dans la gestion des finances publiques actuellement.
Le drame est de voir les générations s’abêtir régulièrement. Si le développement est vraiment fonction de l’éducation, on peut se faire du souci. Certains faits récents montrent déjà les conséquences d’un nivellement par le bas.
Sylvain Ranjalahy