C’était dans l’air. La faute était intolérable. Malgré ses arguments invoquant une duperie et faux et usage de faux à propos de l’octroi d’un certificat d’immatriculation et d’un certificat de navigabilité à cinq Boeing 777 d’une société bidon, le ministre des Transports et de Météorologie a été mis à la porte suite à un conseil des ministres restreint hier. Les avions ont été vendus à la compagnie iranienne Mahan Air, black listée par de nombreux pays occidentaux.
Une décision logique et sans équivoque quelles que soient les explications. Le premier responsable du département des Transports accablé par les propos du directeur général de l’Aviation Civile de Madagascar a ainsi payé de son poste un impair impardonnable, étant donné ses conséquences prévisibles au plan international.
Madagascar n’a rien gagné dans cette affaire et n’a non plus perdu d’argent. Seulement tout était louche dès le départ que cela sentait les liasses à mille lieues. Le capital de la société Udaan demanderesse des certificats, évalué à 400 euros, son siège social à Analamahitsy ressemblant à un lupanar… auraient dû donner la puce à l’oreille au membre du gouvernement.
Mais l’affaire est loin d’être réglée. On ne devrait pas boucler une affaire de cette envergure par un simple limogeage. Une enquête devrait être ouverte pour voir s’il y a eu corruption comme les faits semblent l’insinuer. Il faut sévir pour l’exemple à un moment où on parle de nouvelle stratégie de lutte contre la corruption. Beaucoup d’affaires de trafics, de détournement et de corruption impliquant de hauts responsables ont été classées sans suite depuis quelques années. Certains coupables se sont reconvertis dans les élections pour se faire une virginité politique. Il est temps de donner un sens à la lutte contre ce fléau. La maladresse du ministre des Transports tombe à point nommé et ressemble à du pain béni pour l’État. C’est l’occasion ou jamais de montrer qu’on ne badine pas avec ceux qui s’abritent sous les ailes du pouvoir pour se comporter en malfaiteurs. Ils sont encore légion même si quelques-uns ont été bannis. C’est d’autant plus vrai que les ministres ont prêté serment et promis de ne pas verser dans la corruption.
Et outre les révélations que peut réserver l’enquête, le patrimoine des ministres qui quittent le gouvernement doivent faire l’objet d’un inventaire pour voir si c’est le même qu’à son entrée. Autrement, les institutions de lutte contre la corruption doivent entrer en action. C’est ce que l’opinion attend d’elles à la place des bilans et des fanfaronnades. Du moins, c’est le meilleur épilogue à cet aérodrame.
Sylvain Ranjalahy