Tristes souvenirs

Un éternel recommencement. L’histoire est ainsi faite. C’est plus que jamais vrai. On semble revivre les années 80 et la grande crise de l’époque socialiste avec les difficultés sociales et les décisions impopulaires. 

L’application à partir de demain, avec effet rétroactif depuis janvier, de la TVA sur les intérêts des crédits bancaires fait beaucoup jaser depuis la semaine. On en veut aux députés d’avoir laissé passer cette disposition scélérate de la loi des finances. Certes, les députés ne sont pas exempts de tout reproche et l’Assemblée nationale traîne une réputation permanente de «chambre d’amis» où on vote les yeux bandés mais peuvent-ils faire autrement ? 

D’abord, le niveau général des députés ne permet pas d’avoir un débat constructif surtout concernant un tel détail de la loi des finances. S’ils apportent un amendement sur l’orientation de la loi des finances et ses priorités, c’est déjà quelque chose. 

Ensuite, les parlementaires ne pouvaient pas aller contre les intentions du gouvernement et la politique générale de l’État incarnées par la loi des finances. 

On sait très bien que depuis quelques années la loi des finances doit respecter les instructions des bailleurs de fonds qui couvrent 80% des «recettes». C’est une question d’arithmétique où les recettes et les dépenses doivent se solder. Or, on sait qu’avec une balance commerciale nettement déficitaire, des recettes d’exportation moyennes, des recettes douanières et une assiette fiscale en dessous des objectifs, les recettes sont loin de pouvoir satisfaire le train de vie de l’État. C’est là que les bailleurs de fonds imposent leurs «conditionnalités» au décaissement des liquidités. 

L’application de la vérité des prix sur les carburants, le changement de statut de la Jirama, le changement des dispositions de la gestion des finances publiques, la centralisation des impôts fonciers, l’application de la TVA sur les crédits bancaires en font partie. L’État a tenté de jouer la montre dans l’application de chaque condition sachant pertinemment ses conséquences sociales mais a dû se soumettre avec retard d’où l’effet rétroactif. 

Des mesures qui rappellent les décisions lors des premières négociations avec les bailleurs de fonds en 1982 où le pouvoir révolutionnaire, saigné à blanc par l’échec des nationalisations et les investissements à outrance, s’est soumis à la dévaluation de la monnaie, à l’application des taxes d’importation sur le riz, les médicaments entre autres PPN… Un appauvrissement général, une vague de botulisme et une épidémie meurtrière de Bemangovitra en étaient les résultats. Même cause même effet dira-t-on puisqu’avec la série d’intoxication alimentaire, l’épidémie de palu à Ikongo, la pauvreté qui ne recule pas, on revit étrangement cette triste époque. 

Pour le reste, on espère un meilleur sort aux mesures adoptées. Attendre et croire. 

Sylvain Ranjalahy

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