SANTÉ PUBLIQUE  - Les ambulances en nombre insuffisant

Le transport médical d’urgence est difficile d’accès pour beaucoup de Malgaches. Faute de moyens, les familles doivent souvent utiliser des solutions précaires.

Une ambulance assure le transport rapide et sécurisé des patients vers un établissement de santé.

Se rendre à l’hôpital en cas d’urgence relève, pour beaucoup de Malgaches, d’un véritable parcours du combattant. À Antananarivo comme dans d’autres zones, l’absence de services de transport médical accessibles met des vies en danger.

«Mon père a fait un malaise en pleine nuit. Nous avons tenté de faire venir une ambulance d’un hôpital public, mais elle n’a pas pu se déplacer. L’ambulance privée que j’ai contactée réclamait 150 000 ariary pour se rendre à Andavamamba. Nous ne pouvions pas payer une telle somme. Finalement, nous l’avons transporté sur une charrette », raconte Germaine Razafindrafara, une mère de famille.

Pour les familles modestes, le coût du transport médicalisé est un frein majeur à l’accès aux soins. D’après une source au ministère de la Santé publique, les services d’ambulance publics pratiquent un tarif de 1 000 ariary par kilomètre. Des forfaits sont parfois appliqués pour les trajets proches. Mais dans  les faits, la disponibilité de ces ambulances reste limitée, et de nombreuses familles dénoncent les frais demandés.

Tarifs élevés

Les services d’ambulance privés, eux, imposent des tarifs bien plus élevés : une simple course peut coûter entre 250 000 et 550 000 ariary, selon la distance, l’heure et l’état du patient. « 400 000 ariary pour un transport sans équipement, 550 000 si le patient est inconscient ou a besoin d’assistance », précisent certains prestataires. De nuit, les prix peuvent encore grimper.

Faute de moyens, les patients sont souvent transportés dans des conditions précaires : charrettes, voitures personnelles, voire motos, même en cas d’urgence vitale. « Dans les quartiers défavorisés comme dans les zones enclavées, l’impossibilité de faire appel à un transport médicalisé entraîne de lourdes conséquences : dégradation rapide de l’état des malades, complications inévitables, voire décès prématurés», alerte le docteur Tsinjo Lalaina.

Face à cette urgence sanitaire, les professionnels de santé tirent la sonnette d’alarme. Ils réclament la mise en place d’un système public de transport médical d’urgence, structuré, fonctionnel et accessible à tous, quels que soient les revenus.

Dans un élan de solidarité, la société de transport EVTC a lancé une initiative durant le mois de l’indépendance : des trajets gratuits pour les urgences médicales entre 21 h et 4 h du matin. Une mesure saluée mais jugée insuffisante face à l’ampleur du problème.

Aujourd’hui, à défaut de solution publique durable, le droit d’accéder rapidement à des soins reste un privilège. Pour les plus modestes, la charrette ou les voitures personnelles demeurent encore les seuls moyens de transport en cas d’urgence vitale.

Mialisoa Ida

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