La vague d’intoxication alimentaire a eu des répercussions négatives dans les domaines de la restauration et de l’agroalimentaire. Les professionnels de ces secteurs demandent des mesures drastiques aux autorités.
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Le fameux «composé» dans la vitrine d’un gargote à Antananarivo. |
Les gargotiers, les restaurateurs, les traiteurs événementiels, les charcutiers, les pâtissiers traversent une zone de turbulence. Depuis les premiers cas d’intoxication alimentaire collective et d’empoisonnement, leur activité a fortement ralenti. « Les clients se font rares. Le 26 juin, une occasion où nous réalisons habituellement de bonnes ventes, le marché était d’un calme inhabituel. Même nos clients réguliers ne se sont pas présentés. Les ventes ont chuté jusqu’à 75 % », déplore un commerçant d’un point de vente de charcuterie très réputé, samedi. Cynthia, traiteur, indique en effet qu’elle a retiré la charcuterie des ingrédients de ses plats. Elle note qu’en deux semaines, elle n’a presque pas eu de commandes.
« Nous employons beaucoup de personnel fixe ici. C’est décourageant, et nous commençons à envisager d’autres alternatives, car ce métier n’est plus viable », enchaîne-t-elle. Des propriétaires d’espace, par ailleurs, ont pris la mesure de suspendre la fourniture de repas. « Nous ne louons plus que la salle, et nous faisons en sorte de ne plus proposer de plats contenant de la charcuterie, du moins pour le moment. Mais même lorsqu’on utilise de l’huile, même les cachetés, les soupçons persistent. C’est triste de voir ce métier, qui nous passionnait tant, devenir ainsi une source d’inquiétude », indique l’un d’eux.
Psychose
Une pâtisserie a, quant à elle, fermé ses portes depuis le samedi 22 juin. « Alors que les ventes peinaient déjà à décoller, l’incident d’empoisonnement et les rumeurs qui en découlaient, surtout sur les donuts, ont encore amplifié la crise. Pourtant, nous devons malgré tout payer les salaires des employés et le loyer », témoigne Aina, gérante de la pâtisserie. D’autres ont retiré de leurs vitrines certains produits. « Nous avons arrêté la vente de beignets et de repas avec de la mayonnaise, pour éviter des incidents », lance Baddy, un gargotier.
La mortadelle et l’huile en vrac sont citées par les victimes comme à l’origine des séries d’intoxications alimentaires collectives qui sont survenues ces derniers temps. Depuis, la psychose règne. Beaucoup évitent de consommer ces produits et de manger en dehors de chez eux.
Les professionnels de la restauration et de l’agroalimentaire demandent des mesures drastiques aux autorités. « Ce que nous demandons avant tout, c’est que la vérité soit établie. Tant que la cause réelle de ces intoxications ne sera pas identifiée, notre activité ne pourra jamais reprendre normalement. Est-ce que le problème vient de l’huile, de la farine, ou d’autre chose ? », s’interroge Cynthia. Les conclusions des analyses en cours tardent à être rendues publiques.
Miangaly Ralitera