Le président de la République a crevé l’abcès hier sur le plateau de la TVM concernant la situation de la Jirama. Il a révélé des cas de détournement de fuel destiné pour Mahajanga.
Voilà pourquoi le délestage est indécrottable. Il ne s’agit certainement pas d’un cas isolé. Au contraire il s’agit d’une pratique qui fait partie des traditions et des us et coutumes au sein de la Jirama. Le président de la République a souligné que le délestage persiste alors que le volume de fuel a été augmenté pour le cas de Mahajanga.
De manière générale et depuis plusieurs années, des anomalies ont été constatées aussi bien dans les contrats avec les fournisseurs que dans la gestion proprement dite de la société. En 2019, le Premier ministre Christian Ntsay a fait l’état des lieux à Ambohimanambola et a constaté que c’est la puissance déclarée par un prestataire qui a été facturée et non la puissance fournie. L’État perd ainsi sur deux tableaux. L’approvisionnement laisse à désirer alors que la facture est doublée.
Les négociations pour une révision du tarif selon cette « arnaque » n’ont pas abouti. Les partenaires n’ont voulu rien entendre d’un avenant du contrat.
À l’arrivée, la Jirama se trouve dans un gouffre financier. Les efforts de redressement ont été anéantis par une mauvaise gestion voire une malversation. Pour des questions sociales et économiques, l’État est toujours venu à la rescousse de la Jirama, injectant régulièrement des sommes astronomiques pour stabiliser les comptes et payer ses créanciers. Rien n’y fit. Les fournisseurs ne sont pas payés et le délestage atteint son summum. La Jirama saute sur tous les prétextes comme les cerfs-volants, les oiseaux, un incendie, le froid… pour justifier les coupures.
En outre, les vols de câbles, l’explosion de transformateurs, les destructions de pylônes sont devenus monnaie courante à se demander s’il n’y a pas anguille sous roche dans cette situation. Il y a ceux qui volent et détruisent, il y a ceux qui en profitent pour vendre à la Jirama. Il s’agit bel et bien d’un réseau. Certes, les infrastructures de la Jirama ne sont plus d’une première jeunesse, mais les pannes sont si fréquentes que leur justification semble peu fiable.
Trois directeurs généraux se sont succédé et ont disparu après avoir mis la main dans le coffre. Aucun d’eux n’a été inquiété ni ici ni ailleurs.
Les donnes semblent avoir changé. Les voleurs et les malfrats seront désormais traqués. On attend cette détermination depuis longtemps. Il reste à espérer que les déclarations ne restent pas au niveau des intentions et des effets d’annonce. Et gageons que la rigueur et l’inflexibilité pourront aider la Jirama à relever la tête. Que la lumière soit.
Sylvain Ranjalahy