Il est déjà loin, le passage du président français. La capitale, ville de lumière comme l’évoquait le poète Ener Lalande, était vraiment un écrin. Une ville qui fait rêvasser la nuit.
izato Iarivo mirehitra jiro.
Fa manemboka aingam-panahy.
Ny sento hofongarin’ny tsiafahy »
On croyait que l’idylle entre Antananarivo et ses habitants allait durer une éternité. Hélas, non. Depuis la deuxième république, la capitale a perdu de son charme et son éclairage public. Les rues et les ruelles étaient des couloirs noirs, repaires des détrousseurs et de malfrats de tout acabit. L’obscurité a été un terreau favorable au développement du banditisme et de l’insécurité. L’éclairage public n’a jamais été un souci dés pouvoirs publics pendant des années. Ou plutôt si, mais cela ne dure que le temps d’un événement international, à l’image des Jeux des îles en 2023 ou de la visite du président français il y a deux mois. Depuis plusieurs semaines, la capitale et certaines grandes villes sont revenues à « l’âge des ténèbres » ou à « l’obscurantisme», plutôt au sens propre de ces termes qu’à leur situation historique. Mais sans électricité, on revit au Moyen Âge, et tout ce qui va avec, comme la pauvreté, la barbarie, la cruauté, les violences…
La nuit, il n’est pas bon de circuler pour éviter les mauvaises rencontres. Mais le jour, tout est également bloqué faute d’électricité. Il paraît qu’on n’est pas seul dans cette galère, étant donné que les Comores, avec un taux de pauvreté de 45% et l’Afrique du Sud, une puissance économique en Afrique, souffrent également de problème d’énergie.
Le drame, c’est que l’horizon s’assombrit de jour en jour. Le bout du tunnel semble encore loin. On espère que le changement de statut juridique de la Jirama va améliorer la situation. L’espoir fait vivre… les abonnés. L’État semble avoir jeté les gants et s’est soumis aux exigences des bailleurs de fonds. Ils sont parvenus à ce qu’ils voulaient depuis un quart de siècle, en l’occurrence la privatisation de la Jirama avec une quarantaine de sociétés.
Qu’importe le changement statutaire et le brin de nationalisme pour résister à une décision irréversible, les abonnés ne demandent qu’un rétablissement de l’approvisionnement en eau et électricité. On se demande jusqu’où on pourra résister à cette situation qui étrangle les foyers, les entreprises, les industries. Tout le monde va finir par crever. La coupe est pleine, il manque la goutte qui ferait déborder le vase. Faute d’eau.
Sylvain Ranjalahy
électricité va avec colonisation ?
RépondreSupprimer