ÉNERGIE - Le Président annonce une réduction du délestage

Sur le plateau de la télévision publique TVM, hier, le chef de l’État a annoncé une réduction du délestage, du moins, de 6 heures, jusqu’à 22 heures. Le carburant livré à la Jirama sera ainsi augmenté afin de faire tourner à plein régime les groupes thermiques.

Le président Andry Rajoelina sur le plateau  de la TVM, hier.

«Une réduction du délestage entre 6 heures et 20 heures ou jusqu’à 22 heures. » C’est ce que Andry Rajoelina, président de la République, a annoncé, hier, durant son interview sur le plateau de la télévision publique, TVM. Pour cela, il indique que le volume de carburant mis à disposition de la société d’eau et d’électricité, Jirama, sera augmenté afin de faire tourner les groupes thermiques.

« Puisqu’ils disent que le délestage sera réduit si nous augmentons le carburant livré à la Jirama, afin de faire fonctionner toutes les machines [les groupes thermiques], alors nous allons le faire », déclare le locataire d’Iavoloha. À l’entendre, cette mesure sera appliquée au Réseau interconnecté d’Antananarivo (RIA), mais aussi à Mahajanga et Antsiranana, où les coupures de courant en raison de l’insuffisance de production font rage.

La décision a été vraisemblablement prise à l’issue d’une réunion du Président avec les responsables de la Jirama, hier, au palais d’État d’Ambohitsorohitra. À l’instar de la période d’étiage, en septembre et octobre de l’année dernière, les groupes thermiques sont ainsi de nouveau mobilisés en renfort pour combler le gap de production de la Jirama.

« Nous allons faire en sorte de réduire autant que possible le délestage entre 6 heures et 20 heures ou 22 heures. En raison de l’insuffisance de production, il est toutefois probable qu’il y ait encore des délestages en soirée », annonce alors Andry Rajoelina. Seulement, il souligne qu’un comité, sous la houlette de la présidence de la République, sera chargé « du suivi rigoureux » des livraisons et de la consommation du carburant destiné aux groupes thermiques.

Gap

Selon le chef de l’État, la réunion d’hier a aussi été l’occasion de décortiquer les comptes et les registres de gestion du carburant de la Jirama. Visiblement, il serait anormal que le délestage soit déjà si intense alors que le pic de l’étiage ne devrait être qu’en septembre et octobre. D’autant plus que « les comptes de la Jirama indiquent que les livraisons de carburant sont en hausse », ajoute-t-il.

Prenant l’exemple de Mahajanga, sur la période mars, avril et mai, il indique que le volume de carburant livré à la Jirama dépasse celui de l’année dernière. « Il est donc illogique qu’il y ait du délestage alors que le volume de carburant livré augmente », s’insurge Andry Rajoelina en affirmant la conviction selon laquelle : « Il y a un réseau qui détruit la Jirama et prend en otage le pays ». Ses membres opéraient, entre autres, dans le détournement de carburant.

Sur l’exemple de Mahajanga, toujours, le système Geofilling, permettant de surveiller la consommation de carburant, aurait démontré l’existence d’un gap entre le volume de carburant indiqué comme livré et celui réellement utilisé. Selon le Président, pour mai par exemple, sur un volume de livraison équivalant à cinquante et un camions, huit camions «ont disparu». Il soutient ainsi qu’une enquête sera ouverte pour traduire devant la Justice tous ceux qui font partie de ce « réseau ».

Coûteuse, l’utilisation à plein régime des groupes thermiques n’est, cependant, qu’une solution ponctuelle. En réponse à la journaliste de la TVM, Andry Rajoelina mise sur l’énergie solaire comme solution à la fois rapide et durable pour en finir avec le délestage. Pour Antananarivo, il affirme que des centrales solaires d’un total de 30 mégawatts seront opérationnelles d’ici la fin de l’année. Elles sont en chantier à Ambohidrano, Ambatomirahavavy et Ampangabe.

Selon le président de la République, ces 30 mégawatts combleront le gap de production pour la RIA, « durant la journée ». Il ajoute que « l’État se pose aussi le défi d’investir dans un projet solaire de 100 mégawatts à terminer pour le début de l’année 2026 ». Que deux acteurs privés, dont un Émirati, vont investir dans un projet solaire de 50 mégawatts chacun, à installer avant juin 2026. « En somme, l’année prochaine, à la même période, nous devrions avoir des installations solaires de 200 mégawatts », souligne-t-il.

Sur la situation actuelle, le président de la République reconnaît qu’elle est « douloureuse », et que sans électricité, « les activités économiques, la vie de la population sont en suspens ». Il demande toutefois plus de «patience et de compréhension» de la part des citoyens, et déclare : « Je suis conscient que c’est dur, mais nous travaillons pour y remédier. Je ne fuis pas mes responsabilités. J’y fais face et j’œuvre sans relâche pour apporter des solutions aux problèmes actuels ».

Garry Fabrice Ranaivoson

1 Commentaires

  1. " Ny tantara tsy mba fanadino " ! Le peuple Malgache n'a pas la mémoire courte si on se tient qu'en 2018, Rainilainga n’a pas fait que des promesses électorales classiques. Il a affirmé, avec certitude et assurance, qu’il avait la solution définitive au problème d’électricité à Madagascar. Il déclarait fièrement :« J’ai passé des années à étudier le problème de l’électricité à Madagascar et j’ai la solution. Tout est déjà prêt. Il suffit que je sois élu, et je vous promets de résoudre le délestage en seulement trois mois. »
    Ce n’était pas une simple intention ou un projet en cours d’élaboration. C’était une promesse ferme, chiffrée, directe. Trois mois. Pas plus.
    Aujourd’hui, des années plus tard, la réalité est implacable. Le délestage n’a pas disparu. Pire, il s’est aggravé dans de nombreuses régions. Les coupures sont devenues un quotidien, mettant en péril l’économie locale, la santé publique et la qualité de vie des Malgaches.
    Quelles que soient les justifications qu’il tente d’avancer ou que ses partisans brandissent — conjoncture mondiale, sabotage, mauvaise gestion héritée — elles tombent à plat face à sa propre déclaration. Il avait dit avoir étudié le problème en profondeur. Il avait dit avoir la solution. Il ne parlait pas d’une intention, mais d’un plan prêt à l’emploi.
    Ce qui frappe ici, ce n’est pas l’échec technique ou les imprévus — tout dirigeant y est confronté — mais le mensonge prémédité. Il savait que cette promesse pèserait lourd dans l’esprit d’un peuple lassé par l’obscurité. Il s’en est servi. Et aujourd’hui, il en porte la responsabilité.
    La vérité est simple : Andry Rajoelina n’a pas tenu parole. Il savait ce qu’il disait. Et c’est cela qui, aux yeux de nombreux citoyens, fait de cette promesse non tenue le plus grand mensonge de son mandat. Et ça continue !

    Le peuple, lui, n’oublie pas.

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