À compter du 1er juillet 2025, les intérêts sur les crédits bancaires à Madagascar seront soumis à la TVA, à hauteur de 20 %. Une mesure fiscale qui s’applique particulièrement aux entrepreneurs.
La taxation des intérêts bancaires, appliquée au 1er juillet 2025, augmente le coût des prêts. |
Mesure inquiétante. À partir du 1er juillet 2025, les intérêts des crédits bancaires seront soumis à une TVA de 20 % à Madagascar. Cette disposition figure dans la loi de finances n°2024-025. Elle concerne tous les emprunteurs, mais impacte plus fortement les entrepreneurs, qui contractent des prêts pour lancer ou développer une activité.
Dans l’opinion publique, cette taxe suscite de nombreuses critiques. « Tu paies déjà la TVA sur ton activité. Maintenant, tu la paies aussi sur l’argent que tu empruntes », s’indigne un entrepreneur sur les réseaux sociaux.
Un autre ajoute : « On pénalise les efforts avant même qu’ils ne produisent des résultats. »
La mesure s’applique également de manière rétroactive. Cela signifie que les crédits débloqués depuis le 1er janvier 2025 verront leurs intérêts augmenter à partir de juillet.
« C’est une rupture de confiance et une erreur économique », estime Sylvain Tronc, membre du Groupement des Entreprises de Madagascar (GEM), dans une publication sur LinkedIn.
Surcoût réel
Concrètement, si une entreprise emprunte 1 million d’ariary à un taux annuel de 10 %, les intérêts s’élèveront à 100 000 ariary. Avec la TVA, ce montant passe à 120 000 ariary, soit 20 % de plus à payer.
« Le taux d’intérêt ne change pas, mais la charge augmente à cause de la TVA », explique Aivo Andrianarivelo, gouverneur de la Banque centrale.
Pour les entreprises assujetties à la TVA, cette taxe est récupérable. Mais cela suppose une avance de trésorerie.
« Même si c’est déductible, il faut d’abord payer. C’est une difficulté pour les petites entreprises », affirme une responsable bancaire.
En revanche, les entreprises non assujetties à la TVA, ainsi que les particuliers, ne pourront pas récupérer cette taxe. Ils supporteront donc l’intégralité du surcoût.
« Depuis des années, les banques prêtent surtout aux particuliers. Ce sont eux qui seront les plus touchés », ajoute la même source.
L’Association professionnelle des banques de Madagascar (APB) a confirmé l’application de la mesure à partir du 1er juillet, avec effet rétroactif sur les crédits déjà accordés. Elle invite les clients à se rapprocher de leurs agences pour obtenir des précisions.
En attendant, les discussions se poursuivent entre le gouvernement, le GEM et le Fivmpama. Plusieurs acteurs demandent l’abandon de la rétroactivité.
« Ce n’est pas qu’une question de fiscalité. C’est une question de confiance dans les règles du jeu », conclut Sylvain Tronc.
Irina Tsimijaly