ADMINISTRATION - Le paiement des impôts fonciers transféré aux centres fiscaux

Depuis 2025, la collecte de l’impôt foncier est centralisée par l’État. Les élus locaux redoutent une perte d’autonomie financière.

Le paiement des impôts fonciers se fait désormais au niveau des centres fiscaux.

Depuis l’entrée en vigueur de la Loi de Finances 2025, le mode de collecte de l’impôt foncier sur les propriétés bâties (IFPB) et sur les terrains (IFT) a changé. Ce sont désormais les centres fiscaux qui en assurent le recouvrement, mettant fin à la gestion locale auparavant assurée par les communes. Selon les autorités, cette réforme vise à améliorer la mobilisation des recettes publiques. Mais sur le terrain, les élus locaux s’inquiètent de ses conséquences.

Si le recensement des matières imposables, comme les immeubles et les terrains, reste du ressort des communes, leur rôle devient désormais purement technique, en collaboration avec les centres fiscaux territorialement compétents. « Cette décision a été prise sans aucune concertation avec les maires », déplore Rado Ramparaoelina, maire de la commune d’Ampitatafika.

Pour les collectivités, cette centralisation représente une perte importante de revenus. L’impôt foncier constituait une source essentielle pour financer les services publics de base : entretien des routes, éclairage, adduction d’eau. « Nous étions en mesure de suivre les contribuables et d’assurer une collecte adaptée à la réalité locale », explique un autre maire.

Doutes

Des propositions concrètes avaient pourtant été avancées pour améliorer la collecte, notamment la possibilité d’étaler les paiements. « Un contribuable qui doit verser 10 000 ariary aurait pu s’acquitter de 1 000 ariary par mois », illustre Rado Ramparaoelina. « Cela aurait permis aux plus modestes de s’acquitter de leur impôt sans difficulté. » Mais cette suggestion a été refusée.

Pour les communes, la réforme risque d’affaiblir durablement leur autonomie financière, compromettant ainsi leur capacité à répondre aux besoins essentiels de la population. Une inquiétude que les élus locaux expriment avec insistance.

Conformément à la nouvelle réglementation, la collecte de l’impôt foncier est désormais assurée par la Direction Générale des Impôts (DGI) pour l’ensemble des mille huit cents communes du pays. « Si la DGI promet une redistribution directe des recettes fiscales aux collectivités, l’efficacité de ce système suscite des doutes. Les précédents en matière de transfert de fonds entre l’État et les communes ne sont pas encourageants », souligne une source contactée hier.

Au-delà des aspects techniques, cette réforme ravive les interrogations sur l’avenir de la décentralisation à Madagascar, pourtant affirmée dans la Constitution. Et aucune explication claire n’a été fournie concernant ce changement.

Mialisoa Ida

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