Les travaux d’installation du téléphérique à Antananarivo entrent dans leur phase finale, avec les essais techniques des cabines actuellement en cours. Le lancement du service au public est prévu juste après le Sommet de la Communauté de développement d’Afrique australe (SADC), prévu en août 2025 dans la capitale. En parallèle, une centrale solaire dédiée au fonctionnement du téléphérique sera installée, conformément à une décision présidentielle récemment validée par le Conseil des ministres.
Mais alors que le projet franchit ses dernières étapes techniques, le débat reste vif au sein de la population. Le téléphérique, censé améliorer la mobilité urbaine dans une ville congestionnée, suscite à la fois espoir et méfiance.
Albertinah Razafiarisoa, citadine enthousiaste, voit dans ce projet un soulagement face aux embouteillages quotidiens. Elle se réjouit : « Grâce à cela, je ne serai plus en retard pour aller au boulot, car mon trajet ne durera plus que quelques minutes. »
Dans le même esprit, Tanteraka Rafanomezantsoa exprime son intérêt tout en restant prudent : « J’ai hâte de monter à bord, mais j’attends de vivre l’expérience avant de me prononcer sur son usage au quotidien. »
Pour certains jeunes, le téléphérique représente même une nouvelle opportunité de loisir, envisagée comme une sortie récréative entre amis.
D’un autre côté, les critiques ne manquent pas. Armandine Razafindrafara, inquiète, redoute les risques liés à d’éventuelles pannes : « J’ai peur de monter dans ces cabines. En cas de panne technique, je serais bloquée dans les airs, sans aucun moyen de descendre. »
Plus virulents encore sont ceux qui jugent le projet inapproprié face aux urgences sociales du pays. « L’électricité manque déjà pour les besoins de base, je pense qu’il faut se focaliser sur d’autres priorités », s’insurge Christian Razafy. Il ajoute : « Ce n’est pas ce genre d’investissement dont nous avons besoin. Il serait plus logique d’aménager les routes existantes pour désengorger la circulation et d’assurer un approvisionnement énergétique stable avant de penser à des téléphériques. »
Alors que le gouvernement affiche sa volonté d’innover dans les infrastructures de transport, la population reste divisée. Pour certains, le téléphérique incarne le progrès. Pour d’autres, il illustre une rupture entre les priorités de l’État et les réalités quotidiennes de la majorité.
Mialisoa Ida