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Fadmadart, l’art à fleur de peau et d’encre. |
« Créer, c’est vivre deux fois. » Pour Tsimavandy Fadel Morcid, alias Fadmadart dans le monde artistique, cette phrase résonne comme une vérité intérieure. Originaire de Diego Suarez, il a grandi le crayon à la main et les yeux pleins de rêves. Aujourd’hui, ce dessinateur, peintre, illustrateur et street-artiste autodidacte ne cesse d’émerveiller, bien au-delà des frontières de Madagascar.
C’est en 2021 que Fad décide de s’engager professionnellement dans l’art, après avoir participé à sa première exposition collective. « Ce moment a été décisif. Voir mes œuvres accrochées et partagées m’a donné l’élan pour continuer. »
Depuis, deux expositions par an jalonnent son parcours artistique. Il expose d’abord à Diego, quatre fois entre 2021 et 2022, avant de répondre à l’appel de la capitale, Antananarivo, en 2023. Là, il tient sa première exposition personnelle, suivie d’une participation à une exposition collective, marquant ainsi une nouvelle étape dans sa reconnaissance nationale.
Ce qui distingue Fadmadart, c’est la manière dont il célèbre l’identité malagasy dans toute sa richesse. Ses créations explorent un monde où réel et imaginaire s’entrelacent, où la nature et la culture s’unissent dans un métissage visuel unique. « Mon art raconte les croisements d’influences, les héritages visibles et invisibles de notre peuple ». Chaque œuvre devient alors un récit, une mémoire visuelle façonnée par l’émotion et la réflexion.
Tournant
L’année 2023 marque un tournant avec son invitation au Run Colorz Festival à La Réunion. Cette expérience lui permet de partager la scène avec d’autres artistes de l’océan Indien, tout en découvrant de nouvelles approches de l’événementiel culturel. Une aventure humaine et artistique enrichissante, vécue aux côtés de deux anciens membres de son association.
Mais c’est en 2024 que l’artiste franchit une nouvelle dimension. Grâce à Kidy Percu, une association œuvrant pour l’éveil artistique des plus jeunes, Fadmadart est convié à une résidence d’un mois à Paris. Ce séjour marquant lui permet non seulement d’exposer ses œuvres et d’échanger avec d’autres créateurs, mais aussi de se révéler à lui-même en découvrant une nouvelle facette de son identité artistique.
« Paris m’a profondément transformé. J’y ai trouvé une voix plus affirmée, plus personnelle. Depuis, je peaufine cette signature en vue d’une présentation majeure en 2025. »
Parmi toutes les techniques qu’il maîtrise, Fad est surtout reconnu pour ses dessins au stylo-bille. Ce médium, souvent perçu comme simple, devient entre ses mains un instrument de précision et de poésie. « Le stylo-bille m’impose de réfléchir à chaque trait. Il ne permet pas l’erreur, mais offre une immense liberté d’expression ».
Ses lignes, tantôt fines, tantôt intenses, révèlent une finesse technique rare et une capacité à évoquer le mouvement, les émotions et les paysages intérieurs de son peuple.
Loin de se cantonner aux supports traditionnels, Fadmadart rêve désormais de transposer son art dans la mode. Son ambition ? Créer une marque de vêtements artistiques, où chaque pièce serait ornée à la main de ses dessins. Un projet qui reflète sa volonté d’aller à la rencontre du public autrement, en habillant les corps d’identités visuelles fortes.
Mais au-delà de la création, c’est une véritable vision du monde qui l’anime, fondée sur la sagesse et l’élévation spirituelle : « La tête dans les constellations, rêve grand, pense vaste, mais les pieds honorent la sagesse de la terre ».
C’est dans cet équilibre entre rêve et enracinement qu’il puise sa force, traçant une trajectoire unique dans le ciel de la création contemporaine.
Cassie Ramiandrasoa