FINANCEMENT DU DÉVELOPPEMENT - Trump vise la BAD dans ses coupes budgétaires

Le président américain, Donald Trump.

Les États-Unis envisagent de suspendre leur soutien au Fonds africain de développement. Une décision qui pourrait freiner de nombreux projets vitaux pour Madagascar.

L’administration Trump envisage de supprimer la contribution des États-Unis au Fonds africain de développement (FAD) dans le cadre de son budget 2026. Cette décision pourrait compromettre plus de 500 millions de dollars de financements multilatéraux, affectant gravement les pays les plus pauvres du continent, dont Madagascar, fortement tributaire de la Banque africaine de développement (BAD).

Le retrait envisagé des États-Unis du FAD, le guichet concessionnel de la BAD, mettrait en péril plusieurs initiatives essentielles à Madagascar. Le pays compte actuellement quatre-vingt-sept projets actifs, pour un engagement total de 7,5 milliards de dollars, couvrant des secteurs clés comme les infrastructures, l’énergie, la santé ou encore la lutte contre le changement climatique. Parmi les interventions les plus récentes : un prêt de 67,3 millions de dollars pour renforcer la gouvernance économique, 165 millions pour le développement des corridors commerciaux dans le Sud, et 9,3 millions pour améliorer la résilience climatique dans les parcs nationaux. En mai 2025, la BAD a aussi lancé des études préparatoires pour la modernisation du port de Toliara, projet stratégique pour le développement logistique du sud-ouest du pays.

Un économiste malgache alerte : « Cette décision aura un impact majeur sur Madagascar. Nous sommes déjà classés 10e en partant de la fin sur l’indice de développement humain (IDH). Le fonctionnement du FAD est similaire à celui de l’USAID. L’effet serait comparable à l’arrêt brutal des projets financés avec l’USAID. »

Rôle central

Les États-Unis, membres influents de la BAD aux côtés de vingt-six autres pays non africains, jouent un rôle clé tant sur le plan financier que politique. Ils participent à la reconstitution du capital de l’institution tous les trois ans, conditionnant leur appui à des critères de transparence, de bonne gouvernance et de résultats mesurables. Washington utilise aussi sa position pour promouvoir ses priorités : énergie, sécurité alimentaire, environnement, et investissements privés américains.

Mais cette réorientation budgétaire marque un tournant. L’administration Trump justifie son retrait par la volonté de privilégier des projets jugés plus « rentables » via l’agence américaine DFC (U.S. International Development Finance Corporation), en écartant ceux liés au climat ou à la gouvernance, jugés « idéologiques ». Pourtant, à Madagascar, ces domaines correspondent directement aux besoins les plus urgents.

Cette annonce intervient à quelques jours des Assemblées annuelles de la BAD, prévues du 26 au 30 mai 2025 à Abidjan, en Côte d’Ivoire. Madagascar y participera activement, dans un contexte sensible marqué par l’élection prochaine du successeur d’Akinwumi Adesina à la tête de l’institution. La position de Washington pourrait peser lourd dans les débats, à un moment où le continent africain est confronté à des défis de développement croissants.

Irina Tsimijaly

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