Terrible drame hier à Tsarahonenana. Un vieil homme meurt dans un incendie. Coincé dans un déluge de feu, il n’a pu être sauvé alors que sa femme l’a échappé belle, essuyant quelques blessures. Le feu partait d’un commerce de bois avant d’atteindre d’autres maisons aux alentours. Le feu se propageait à une vitesse folle. La situation a été aggravée par la coupure d’eau dans le quartier, à sec depuis un an, comme beaucoup d’autres endroits de la ville et de ses périphéries. Les pompiers, venus avec cinq camions citernes dont un seul contenait 16 mètres cubes d’eau, n’ont pu faire grand-chose. Toutes les conditions étaient réunies pour que l’ivresse du feu aille jusqu’au bout de sa puissance destructrice.
L’eau, principale antidote du feu, faisait défaut. La population se démenait comme un beau diable pour tenter de circonscrire le feu avec les moyens du bord, dont des bombonnes privées, mais la mission était impossible.
Et même s’il y avait de l’eau, il n’y avait visiblement aucune bouche d’incendie dans ce quartier “nouveau” qui s’est construit loin des normes d’urbanisation, de viabilisation et de sécurité. Les constructions sont empilées les unes sur les autres, permettant au feu de se propager facilement. Les seules bouches d’incendie qui existent, sans être sûres de fonctionner, se trouvent dans les vieux fokontany de la capitale datant de l’époque coloniale. Les nouveaux bourgs en sont dépourvus pour la plupart.
Et s’il y avait des bouches d’incendie, les sapeurs-pompiers avaient toutes les peines du monde pour accéder au sinistre, comme c’est souvent le cas, en se faufilant à travers des ruelles étroites et bourrées d’épingles.
Hélas, les voies de communication comme les parkings et les toilettes sont les derniers des soucis des autorités et des habitants dans un développement urbain incontrôlable où les constructions sont presque toutes illicites.
Le bilan est regrettable dans cette… eaumicide où la plus grande responsabilité incombe à ceux qui sont incapables d’approvisionner la capitale en eau. Mais les habitants, les urbanistes, ceux qui délivrent un permis de construire sans faire une enquête sur terrain comme il se doit ne sont pas non plus exempts de tout reproche.
Hélas, ce genre de drame est récurrent et ne sera pas le dernier avec tous les paramètres qui favorisent l’expansion des incendies. C’est d’autant plus grave quand on sait que l’équipement des sapeurs-pompiers dépend depuis plusieurs décennies de la charité des pays ou des régions donateurs. Cela n’a jamais été une priorité ni des dirigeants ni des élus, plutôt préoccupés par un 4x4 que par un camion-citerne pour sa circonscription. Le crime est collectif.
Sylvain Ranjalahy