Deux morts sur la voie rapide Tsarasaotra-Ivato avant-hier soir. La faute à un camion tombé en panne au beau milieu de la rue et contre lequel deux voitures se sont encastrées. Un accident mortel de plus, un accident de trop. Qui condamner ?
Cet axe est en chantier depuis quelques semaines. Les deux bas-côtés de la chaussée ont été décapés en vue d’une extension à quatre voies. Du coup, il n’y a pas de voie de dégagement ou d’arrêt urgent en cas de pépin. Le maître d’œuvre des travaux aurait dû prendre les mesures nécessaires pour la sécurité des usagers. Ce qui n’est visiblement pas le cas tout le long de cette voie. Une limitation de vitesse aurait dû être adoptée pour réduire les risques d’accident.
Gageons que le camion n’aurait pas pu faire autrement que de se prélasser en pleine chaussée pour les raisons évoquées. Mais là où son conducteur serait coupable, c’est de ne pas avoir mis aucune signalisation de l’existence de l’engin. Un panneau fluorescent orange, un feu de détresse ou n’importe quel objet visible pour qu’on le distingue dans la nuit. Vraisemblablement, les victimes n’ont pas vu le danger placé sur leur trajectoire. Comme les véhicules empruntant cette voie rapide roulent à vive allure, le choc a été d’une rare violence contre le monstre à l’arrêt.
Ces accidents montrent combien certains usagers de la route sont négligents et ne pensent guère à la sécurité des autres automobilistes. Un conducteur inconscient est un danger ambulant pour les autres. Avertir l’existence d’une panne est un geste fondamental et obligatoire pour un conducteur censé avoir appris le code de la route convenablement. Concernant les conducteurs de gros camions justement, on doute fort qu’ils maîtrisent cet aspect vital. Pour la simple raison que même dans la capitale, le nombre d’auto-école poids lourds se compte sur les doigts de la main, alors que le nombre de camions semi-remorques et porte-conteneurs augmente de manière exponentielle. À se demander si on vend les permis poids lourds dans les épiceries, dans les contrées éloignées où il n’y a ni auto-école, ni examinateur des Travaux publics.
L’imprudence n’est d’ailleurs pas l’apanage des camionneurs. On le constate au quotidien sur la rocade Iarivo où beaucoup de conducteurs pensent que circuler à gauche est la règle quand on roule à 10 km/h.
Le danger est également permanent la nuit dans la capitale, où la plupart des charrettes roulent sans aucun signe permettant de les apercevoir. Une bande fluorescente suffirait, à défaut de catadioptre que les cyclistes enlèvent sous prétexte qu’il s’agit d’une lampe sans ampoule. Les charretiers risquent à tout moment, en particulier quand le délestage rend inutile l’éclairage public, de se faire percuter de l’arrière.
On peut éviter de mourir sur ordonnance ou par arrêt. C’est facile d’accuser la fatalité pour des bêtises humaines.
Sylvain Ranjalahy