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Photo de famille des chefs d’État et de gouvernement, en présence du secrétaire général de la COI. |
Face aux défis qu’imposent les aléas du contexte mondial, les chefs d’État et de gouvernement de la COI sont unanimes. Tous appellent à la mise en place d’un espace commun de production agricole et d’échange au sein de la région indianocéanique.
Un appel à l’engagement solidaire des îles de l’océan Indien. C’est ce qu’Edgard Razafindravahy, secrétaire général de la Commission de l’océan Indien (COI), a lancé dans son discours, en ouverture du sommet de l’organisation régionale qui s’est tenu au Centre de conférence internationale (CCI) d’Ivato, hier.
“Ce Sommet se tient à un moment charnière. Notre région, naturellement vulnérable, doit faire face à l’amplification des risques sécuritaires, sanitaires et économiques. À cela s’ajoutent des redéfinitions profondes des règles du multilatéralisme et de l’aide au développement. Dans ce contexte tendu, le besoin de solidarité, de coopération n’a jamais été aussi urgent”, note le secrétaire général de la COI.
À entendre les allocutions des chefs d’État et de gouvernement de la Commission, l’appel lancé par Edgard Razafindravahy a été entendu. Faisant un florilège des défis qu’imposent les aléas du contexte mondial sur les îles de l’océan Indien, ils sont unanimes sur la nécessité de mutualiser les ressources et les efforts, de renforcer la coopération au sein de la région indianocéanie. Se référant au thème du Sommet, et avec leurs propres mots, ils abondent vers la mise en place d’un espace commun agricole pour la région Indianocéanie.
“Sécurité et souveraineté alimentaire : Pour le développement du marché de l’Indianocéanie”, est le thème du Ve Sommet de la COI qui s’est déroulé, hier. Comme le souligne Andry Rajoelina, président de la République, “[ce thème] résonne avec la plus grande importance, face aux défis que le monde nous impose aujourd’hui et les enjeux actuels”. Des défis qui “nous poussent à revoir et à repenser notre stratégie”, ajoute-t-il.
“C’est pour cette raison que nous devons produire et transformer localement, dans notre sous-région, tout ce dont nos populations ont besoin. La sécurité alimentaire est donc la clé du développement et de notre prospérité. (...) Il est temps de semer mieux, de valoriser nos ressources, nos terres, et nos savoir-faire. La solidarité et l’entraide entre les pays membres de la COI sont essentielles pour promouvoir un développement durable”, plaide ainsi Andry Rajoelina.
Réduction des dépenses
Le locataire d’Iavoloha rappelle au passage que Madagascar, avec ses 36 millions d’hectares de terres arables et non exploitées, se donne comme défi de redevenir le grenier de l’océan Indien et même de l’Afrique. Ceci par le biais de la “transformation agricole”. Navin Ramgoolam, Premier ministre mauricien, concède qu’effectivement que ce thème “vient à point nommé au vu du chamboulement de l’ordre établi”. Lui qui affirme se rappeler de l’époque où son pays importait du riz de Madagascar, en indiquant, “nous souhaitons le refaire à nouveau”.
Le Premier ministre Ramgoolam met l’accent sur la conjoncture géo-économique et les risques inflationnistes qu’impose la guerre commerciale qui s’annonce sur les pays insulaires. “Nous sommes situées loin des marchés de nos fournisseurs et cela implique des coûts exceptionnels conséquents. Des échanges accrus au niveau du commerce interne de l’océan Indien réduiraient les dépendances de notre région par rapport au marché externe”, affirme-t-il alors, en encourageant “l’émergence d’un espace régional d’échanges économiques et commerciaux, renforcés”.
Wavel Ramkalawan, président des Seychelles, souligne également le potentiel de Madagascar dans ce projet d’espace commun agricole régional. “La mise en valeur de nos ressources régionales, notamment, le potentiel de production de Madagascar qui concentre plus de 90% des terres arables de la COI représente une actualité stratégique pour améliorer notre sécurité alimentaire, renforcer notre résilience et développer un marché régional durable”, explique-t-il.
Président entrant de la COI pour les douze prochains mois, Azali Assoumani, président des Comores, déclare dans son discours d’ouverture, “je plaide pour que nous convenions de la mise en place de zones de production agricole et alimentaire dans nos îles, en canalisant les investissements publics et privés et en visant l’augmentation substantielle de nos échanges commerciaux intra-COI”. Même posture de la part d’Emmanuel Macron, président français.
“Aucune de nos îles ne peut relever seule les défis qui se présentent à tous”, affirme le président Macron, aussi, “je salue ici l’idée d’un espace de production et d’échange agricole et alimentaire au sein de la COI”. Faisant un rapprochement avec un contexte global trouble, il soutient que “travailler à la sécurité alimentaire (...) est le meilleur investissement à la paix et à la prospérité”. Il a, par ailleurs, soulevé la nécessité de mettre en place un cadre commun.
Le chef d’État français appelle aussi à “cesser les barrières qui empêchent la circulation de nos productions agricoles et la solidarité”. Cependant, les règles qui s’appliquent aux frontières de La Réunion en constituent actuellement. Tous sont unanimes sur les défis et la solution idoine. Comme l’a scandé le Premier ministre mauricien, “les défis nous imposent maintenant des actions concrètes”.
Garry Fabrice Ranaivoson