«America has given us an unprecedented and powerful mandate» : ce furent les premiers mots de Donald Trump après sa réélection fin 2024. Sa houppe blonde fait la joie des satiristes, qui en affublent la tête de gondole d’un Trump agissant par foucades. Mais, et s’il s’agissait d’une démarche idéologique parfaitement cohérente ?
Trump et Poutine ne sont ni «débiles» ni «fous». L’un porte une devise dont l’acronyme, MAGA pour «Make America Great Again», est devenue une idéologie de reconnaissance pour des dizaines de millions d’Américains. L’autre assume l’héritage de la «Grande Russie».
Les deux pensent différemment et, surtout, ils agissent différemment. Tout le monde pensait que «La Fin de l’Histoire» serait cette victoire irréversible de la démocratie et du libéralisme sur, notamment, le communisme et ses corollaires. C’est oublier comment la pensée de Francis Fukuyama avait évolué depuis la publication du premier article, en 1989, et la parution du livre trois ans plus tard. Les «règles du commerce international» devaient faire office de code de bonne conduite dans les relations internationales, sauf que les relations entre les nations ont toujours été sourdement travaillées par des courants naturellement antagonistes, au nom de chaque intérêt national.
Trump n’est pas un gars du «système» comme ces prédécesseurs («the first president with neither prior public service nor military experience»), mais ce serait une erreur de l’imaginer réellement comme les dessinateurs ou les humoristes le caricaturent. Un pan de la société américaine était prête et avait voulu qu’on en arrive là. Que ce soit contre Hillary Clinton en 2016, contre Joe Biden en 2020 ou Kamala Harris en 2024, les trois cartes du résultat des urnes coïncident avec une grosse continuité territoriale colorée au rouge de Donald Trump, campant résolument au centre des États-Unis.
À partir du 9 avril, les produits provenant de Madagascar seront taxés de 47% supplémentaires aux États-Unis. Encore plus durement touché, avec 50% de droits de douane additionnels, le Lésotho envoie aussitôt une délégation négocier à Washington : 11 usines de ce pays, employant 12.000 personnes, exportent presque exclusivement des jeans vers les États-Unis. Elon Musk a laissé entendre que chaque pays européen pourrait être épargné à certaines conditions d’accord-parties. La Chine, en appliquant exactement le même taux additionnel aux marchandises américaines, attend une considération particulière.
C’est le retour à des relations bilatérales plus authentiques, parce que réellement centrées sur les intérêts respectifs de chaque pays. L’approche dite régionale a trop souvent noyé les soucis d’un pays «aphone» ou «périphérique» dans des considérations (faussement) collectives d’autant plus génériques qu’elles sont lointaines ou carrément étrangères à sa réalité et à sa culture. Plutôt que de céder à l’hystérie collective, Madagascar se voit là offrir une chance d’agir en île.
Nasolo-Valiavo Andriamihaja