![]() |
Yinka Shonibare expose "Safiotra" pour la première fois en Afrique à la Fondation H. |
La Fondation H à Antananarivo présente jusqu'à fin février 2026 "Safiotra", la première grande exposition du célèbre artiste britanno-nigérian Yinka Shonibare sur le continent africain. Madagascar devient ainsi le premier pays d'Afrique à accueillir cette rétrospective, une plongée bouleversante dans plus de vingt ans de création engagée, où s'entremêlent art, histoire coloniale, identités hybrides et mondialisation.
Invité par la Fondation H pour une carte blanche, Yinka Shonibare investit les lieux avec une sélection d'œuvres emblématiques. L'exposition, dont le titre Safiotra signifie "métissage" ou "mélange" en malgache, reflète l'essence même de la démarche artistique de Shonibare. Né à Londres et élevé au Nigeria, il incarne cette tension entre les cultures et explore les thèmes de l'identité postcoloniale à travers une esthétique à la fois raffinée et dérangeante.
Un parcours immersif à travers 20 ans de création "Safiotra" propose un univers foisonnant où le politique, le poétique et le symbolique s'entrelacent. Les œuvres mêlent avec force les codes occidentaux à des motifs africains éclatants, notamment le tissu wax, devenu la signature visuelle de l'artiste. Cette juxtaposition, volontairement déstabilisante, déconstruit les récits dominants et interroge les stéréotypes encore présents dans l'imaginaire collectif.
Parmi les pièces majeures, le public découvre Eden Painting, une fresque monumentale inspirée de l'Arche de Noé, composée de soixante-deux éléments ornés de wax et peuplés d'animaux en plastique. Cette œuvre évoque un paradis suspendu, teinté de surréalisme et de symboles religieux. La sculpture Refugee Astronaut, figure d'un cosmonaute migrant transportant des objets collectés à Madagascar boussole, bouteille, assiette incarne le déracinement et l'urgence écologique.
L'exposition présente également Wind Sculpture in Bronze, une œuvre poétique représentant un tissu flottant en bronze, symbole des mouvements migratoires africains, visibles ou invisibles, choisis ou subis. La série African Bird alerte sur l'extinction d'espèces animales liée à l'exploitation du continent, tandis que les statues en fibre de verre, habillées de wax et inspirées de figures coloniales comme Churchill ou la Reine Victoria, questionnent la place de ces monuments dans notre mémoire collective.
Le point culminant de l'exposition est The African Library, une installation immersive composée de six mille livres recouverts de wax.
Cassie Ramiandrasoa