Conseillère politique au sein de la Fondation Friedrich Ebert (FES), germaniste de formation à l’Université d’Antananarivo, mariée et mère de trois enfants, Mireille Clémence Andriambolanoro est la première femme à présider l’association Les Amis de l’Allemagne à Madagascar.
Femme aux multiples engagements, elle a fondé plusieurs associations et travaillé pendant dix-huit ans à l’ambassade d’Allemagne, après avoir suivi une formation en civilisation allemande à l’université.
Foi et engagement familial
Pour elle, la foi et la vie de famille sont prioritaires. Très croyante, elle fait partie du bureau de l’église réformée Fjkm Anjanahary Maritiora. Malgré ses nombreuses responsabilités, elle parvient à tout concilier, une organisation qu’elle attribue à sa foi en Dieu.
« On m’a toujours vue comme la super Mireille. Je ne rate jamais une occasion de passer du temps avec mes enfants, que ce soit pour brosser les dents avec ma fille, cuisiner ou sortir avec eux. Je me demande parfois comment je fais, mais je crois que c’est grâce à Dieu », confie-t-elle.
Elle a récemment été élue présidente du comité directeur du Cercle germano-malagasy pour un mandat de trois ans (2025-2028). Elle est également responsable de la justice de genre et sert de point focal sur la Violence basée sur le genre (VBG) et le harcèlement sexuel au sein de la Fondation Friedrich Ebert.
Une vision pragmatique du 8 mars
La présidente de Kolokitra, à l’origine de l’ouvrage du même nom, n’est pas partisane d’une célébration pure et simple de la Journée internationale des droits des femmes.
« Je ne veux pas célébrer le 8 mars pour me plaindre. Nous devons nous concentrer sur le côté positif : pourquoi devons-nous obtenir nos droits ? Il faut démontrer nos valeurs et prouver que nous sommes capables de réaliser de grandes choses. C’est ainsi que l’État et les responsables prendront conscience de notre savoir-faire et nous donneront plus de place. Je ne parle pas de célébration, mais plutôt de mobilisation. Pourquoi célébrer ? C’est une journée de mobilisation. Certains trouvent injuste que les femmes aient leur journée alors que les hommes n’en ont pas. Pourtant, c’est notre fierté qui nous pousse à la commémorer. »
Pour elle, de nombreuses femmes à Madagascar restent privées de leurs droits fondamentaux. « C’est une question de culture et de politique. Prenons l’exemple du mariage: certaines femmes hésitent encore à demander une séparation par peur du regard de la société. Notre culture nous prive parfois de nos droits, notamment en matière d’héritage. À Madagascar, la femme n’a pas automatiquement droit à l’héritage. Il est essentiel de comprendre l’importance du mot “droit”, que ce soit en malgache “zo” ou en français. Il ne s’agit pas seulement d’égalité, car hommes et femmes ne seront jamais identiques. J’invite les hommes à ne pas être sur la défensive et à faciliter l’accès aux droits fondamentaux : aller à l’école, se nourrir, être protégé, être aimé, s’habiller. Ce sont des besoins élémentaires », insiste-t-elle.
Un leadership féminin encore un rêve ?
À ses yeux, l’idée qu’une femme puisse accéder à la présidence de la République à Madagascar relève encore du rêve.
« Quand on regarde le quota de 16 % de femmes à l’Assemblée nationale, on mesure le chemin qu’il reste à parcourir. C’est dans cet esprit que nous avons écrit Défis et des femmes dans le magazine Politika, afin de mettre en lumière cette réalité. La place des femmes en politique reste encore très marginale ».
Elle souligne toutefois l’importance de reconnaître et d’encourager les hommes qui soutiennent les femmes.
« Nous ne cherchons pas à être égales aux hommes. Mais nous devons remercier ceux qui font des efforts, qui comprennent et soutiennent les femmes. C’est ce qu’on appelle la masculinité positive : ces frères, ces pères, ces époux qui accompagnent les femmes dans leur parcours. Dieu a créé l’homme et la femme pour qu’ils se complètent. »
Un engagement associatif et politique affirmé
Au fil des années, Mireille Clémence Andriambolanoro a multiplié les initiatives.
« J’ai créé de nombreuses associations et contribué au développement de plusieurs structures, qu’elles soient associatives ou politiques. J’ai même travaillé sur la charte d’un parti politique et me suis retrouvée au cœur des campagnes présidentielles. En tant que conseillère politique, ce n’était pas une tâche facile. Il faut savoir saisir les opportunités et oser monter dans le train en marche. C’est ce qui me différencie des autres. »
« Quand une femme accomplit quelque chose avec le cœur, cela ne passe pas inaperçu. Avec le cœur, on peut déplacer des montagnes. Pourtant, aujourd’hui, le sens même de la solidarité semble se perdre, notamment avec le déclin des idéologies et de la solidarité. Nous devons rester unies. Entre femmes, nous devons nous soutenir. L’union et la force permettent de surmonter les défis. Je crois profondément au proverbe malgache « Ny firaisankina no hery, ny akanga maro tsy vakin’amboa » (L’union fait la force, un groupe d’oiseaux ne peut être vaincu par un chien). Nos anciens nous ont transmis cette sagesse pour une raison ».
Vero Andrianarisoa