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Poignée de main entre Richard Randriamandrato (à g.), et Mahamat Idriss Deby Itno, président du Tchad (à d.). |
L’élection du prochain président de la Commission de l’Union africaine se tiendra la semaine prochaine. Pour mettre toutes les chances du côté de son candidat, Madagascar fait la tournée de ses alliés.
Le “money time”. La campagne pour l’élection au poste de président de la Commission de l’Union africaine (CUA) entre dans sa dernière ligne droite. Le scrutin se tiendra durant la 38e session ordinaire de la Conférence des chefs d’État et de gouvernement de l’Union africaine, prévue les 15 et 16 février à Addis-Abeba, en Éthiopie.
À une semaine du vote, Richard Randriamandrato, candidat présenté par Madagascar, fait la tournée des États africains, notamment de l’Afrique francophone, depuis lundi. Dans cette tournée électorale, il est accompagné par Rafaravavitafika Rasata, ministre des Affaires étrangères, Patrick Rajoelina, conseiller spécial du président de la République aux relations internationales, et Camille Vital, ambassadeur de Madagascar à Maurice.
La première étape de la tournée de campagne du candidat Randriamandrato et de la délégation dépêchée par Madagascar a été la République du Congo, ou Congo-Brazzaville, lundi, puis le Tchad, mardi. Ils y ont ainsi rencontré successivement Denis Sassou N’Guesso, président du Congo-Brazzaville, et Mahamat Idriss Deby Itno, président du Tchad. La délégation malgache a aussi marqué des étapes en Centrafrique et au Cameroun.
À chacune des étapes de sa tournée de campagne, le candidat Randriamandrato est introduit par la ministre des Affaires étrangères, qui remet une lettre du président Andry Rajoelina à son interlocuteur. Une manière, probablement, de souligner qu’il s’agit d’une candidature de Madagascar. “Nous sommes ici pour solliciter officiellement le soutien d’un pays frère qu’est le Congo”, a déclaré la cheffe de la diplomatie malgache à Brazzaville.
À N’Djamena, capitale du Tchad, la ministre Rasata a soutenu que “Madagascar, pour la toute première fois de son histoire, présente une candidature au poste de président de la Commission de l’Union africaine. C’est une responsabilité que nous souhaitons assumer puisque nous avons la conviction que nous pourrons apporter des solutions africaines aux défis de l’Afrique.”
Ratisser large
Hier, c’est à Maurice que le candidat Randriamandrato et la délégation malgache ont marqué une étape dans leur tournée de campagne. Ils ont rencontré le docteur Navinchandra Ramgoolam, Premier ministre mauricien, à Port-Louis. “Nous avons eu un échange de vues très constructif sur l’avenir de notre maison commune, l’Union africaine. Je suis si fier que la fraternité entre les îles de l’océan Indien surmontera les incertitudes géopolitiques (...)”, a publié Richard Randriamandrato sur son compte Facebook au sujet de la rencontre d’hier.
Madagascar veut mettre toutes les chances du côté de son candidat, d’autant plus qu’en face, les autres prétendants à la présidence de la CUA sont considérés comme des poids lourds de la scène politique et diplomatique africaine. Il y a Mahamoud Ali Youssouf, ministre des Affaires étrangères de Djibouti depuis 2005, et Raila Amolo Odinga, ancien Premier ministre du Kenya. Cette année, en effet, les candidatures sont réservées aux États d’Afrique de l’Est.
Tout comme Richard Randriamandrato, ses deux concurrents sont également en campagne depuis plusieurs semaines. Le candidat kenyan, par exemple, a déjà devancé le candidat malgache en rendant une visite de courtoisie au Premier ministre mauricien, le 6 janvier. “Navin Ramgoolam a exprimé son soutien à Raila Amolo Odinga, soulignant l’importance de renforcer les liens de Maurice avec l’Afrique”, a affirmé le média L’Express Maurice.
La rencontre d’hier à Port-Louis a ainsi eu pour objectif de convaincre le Premier ministre mauricien de changer d’avis et de soutenir le candidat malgache. Outre le programme respectif des candidats, la proximité géographique, les liens historiques ou encore la langue et la culture sont en effet des arguments de campagne. Richard Randriamandrato, par exemple, est vu comme le candidat de l’Afrique francophone.
Raila Amolo Odinga mise sur son statut d’anglophone. Mahamoud Ali Youssouf, lui, se présente comme un pont entre les différentes cultures africaines, étant donné qu’il est francophone, anglophone et arabophone. Par ailleurs, les affinités régionales sont aussi des théâtres de campagnes électorales. Richard Randriamandrato veut fédérer le vote de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) et de ses voisins dans l’océan Indien.
Selon certains médias africains, Raila Amolo Odinga s’est assuré de l’appui des cinq pays au sein de la Communauté d’Afrique de l’Est (EAC). Mahamoud Ali Youssouf, quant à lui, a bénéficié du soutien de la Ligue arabe. “L’élection se fait par vote secret et à la majorité des deux tiers des États membres [de l’UA] ayant le droit de vote”, est-il indiqué sur le site web de la Commission de l’UA. Il faut ainsi ratisser large, ce qui explique les tournées de campagne.
Garry Fabrice Ranaivoson