PÉTROLE LAMPANT - Hausse du prix à la pompe

Le dernier ajustement du prix du pétrole lampant remonte à 2022.

Un des sujets sensibles évoqués au cours du premier conseil des ministres de l’année, avant-hier, a été le prix du carburant. Le président Rajoelina a annoncé des hausses graduelles du prix du pétrole lampant.

Une décision attendue depuis des mois. Lors du premier Conseil des ministres de l’année, tenu avant-hier, le président de la République, Andry Rajoelina, a annoncé une augmentation progressive du prix du pétrole lampant (PL). Cette mesure vise à alléger les finances publiques, lourdement impactées par les subventions allouées à ce produit utilisé par de nombreux foyers malgaches pour l’éclairage et la cuisson.

Un coût insoutenable pour l’État.  Le président a justifié cette décision en rappelant le poids croissant des subventions. « L’année dernière, la contribution de l’État aux pétroliers pour rendre le pétrole lampant accessible a atteint 95 milliards d’ariary », a-t-il déclaré. Une dépense devenue intenable, selon lui, alors que les subventions couvrant les trois principaux carburants – le pétrole lampant, le supercarburant et le gasoil – pèsent lourdement sur le budget public. L’objectif affiché : réduire ces dépenses supplémentaires d’ici à la fin de l’année.

Pour accompagner cette hausse, le gouvernement mise sur le programme «Hazavana ho anao» («la lumière pour tous»). Ce projet vise à remplacer progressivement les lampes à pétrole par des solutions d’éclairage plus modernes et durables. « L’idée est de réduire la dépendance au pétrole lampant, tout en amortissant l’impact de la hausse, qui sera appliquée de manière graduelle », a expliqué Andry Rajoelina. Le programme sera basé sur les carnets fokontany digitalisés, afin d’assurer un suivi précis des bénéficiaires.

Le ministre de l’Énergie et des Hydrocarbures, Olivier Jean-Baptiste, a souligné que le prix du pétrole lampant, fixé à 2 430 ariary le litre depuis juillet 2022, ne reflète plus la réalité du marché. L’écart avec les coûts réels oscille entre 1 200 et 1 400 ariary par litre, ce qui alourdit considérablement la facture de l’État : 44 milliards d’ariary en 2022, 88 milliards en 2023, et 95 milliards en 2024.

Le ministre a également mis en lumière les conséquences de cet écart : des pratiques illégales de mélange, appelées «frelatages», se multiplient. Avec une marge de 2 470 ariary par litre par rapport au gasoil et de 3 470 ariary par rapport au supercarburant, certains mélangent le pétrole lampant avec d’autres carburants, provoquant des dégâts mécaniques. Quarante stations-service ont été prises en flagrant délit en 2024.

Une réforme scrutée par le FMI. Reste à voir comment le Fonds monétaire international (FMI) réagira à cette réforme. L’institution exige que Madagascar mette en place un mécanisme automatique de fixation des prix des carburants dans le cadre de ses programmes d’aide. Selon le FMI, le système actuel de subventions est inéquitable et profite surtout aux couches aisées de la population.

Cette réforme, bien que nécessaire pour les finances publiques, pourrait toutefois susciter des tensions dans un pays où le pouvoir d’achat demeure limité.

Éric Ranjalahy

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