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François Noiret vit à Madagascar depuis 1971. |
Dans le cadre du Café Histoire, le 18 janvier, le Musée de la Photo à Andohalo a organisé une conférence exceptionnelle portant sur les chants de lutte et de vie des Zafindraony du pays Betsileo. François Noiret, jésuite, anthropologue et enseignant, a partagé une étude de plus de 30 ans sur cette tradition unique qui mêle histoire, spiritualité et identité culturelle.
La conférence a débuté à 10 h et s’est articulée autour des recherches de François Noiret, qui a vécu à Madagascar depuis 1971. Ce dernier a présenté ses travaux sur les chants traditionnels Zafindraony, un héritage oral du peuple Betsileo, soulignant leur rôle essentiel dans la transmission de la culture et des valeurs malgaches.
François Noiret explique que les Betsileo, peuple du Sud de Madagascar, se caractérisent par une culture bipolaire : les habitants du Nord sont démonstratifs, tandis que ceux du Sud se distinguent par une introspection plus profonde. La langue, au cœur de cette culture, est majoritairement orale, bien que des traductions en malgache officiel aient été entreprises, notamment pour des textes religieux comme la Bible.
« Le Zafindraony, c’est l’âme même du Betsileo », déclare le conférencier, rappelant que cette tradition orale s’exprime principalement à travers des chants lors de veillées funèbres ou d’événements sociaux. Ces chants, porteurs de mémoire collective, célèbrent la vie et le fihavanana (solidarité).
Un héritage authentique
Les chants Zafindraony, interprétés en dialecte betsileo, débutent généralement par les voix féminines, suivies par des voix masculines graves. Leur structure repose sur des phrases répétitives, appelées Sasy, qui servent d’introduction et peuvent être prolongées selon la situation. La succession des phrases forme une narration qui oscille entre rire, pleurs et humour, témoignant de la capacité des Betsileo à transcender la mort par l’expression artistique.
Contrairement au Hira Gasy, plus tourné vers l’extérieur et accompagné d’instruments, les chants Zafindraony se distinguent par leur caractère intime et introspectif.
François Noiret raconte : « Quand je vivais avec les gens, j’enregistrais n’importe quand, n’importe comment avec un magnétophone rudimentaire. Plus tard, on m’a dit que ça valait la peine et c’est devenu une thèse de doctorat ». Ce travail, réalisé à l’École des Langues Orientales à Paris, visait à valoriser la richesse de la culture betsileo et à renforcer la fierté des Malgaches envers leur patrimoine.
Pour Noiret, le Zafindraony dépasse le cadre chrétien pour refléter un fond religieux authentiquement malgache.
Cassie Ramiandrasoa