![]() |
Le président de la République remettant une lettre de félicitations à un des douaniers primés, hier. |
L’État veut en finir avec les trafics de ressources naturelles et minières qui passent par l’aéroport d’Ivato. Dans cet objectif, le président de la République s’engage au front. En plus de la corruption, les interventionnistes sont aussi mis à l’index.
Un numéro de téléphone spécial. Selon ses dires, Andry Rajoelina, président de la République, mettra ce numéro à la disposition des douaniers préposés à l’aéroport international d’Ivato. Une ligne téléphonique sur laquelle ils pourront joindre directement le chef de l’État, ou lui laisser un message. Une ligne directe pour dénoncer toute tentative d’intervention dans les procédures de contrôle et de répression.
Sur initiative directe du locataire d’Iavoloha, et selon ses explications de vive voix hier à l’aéroport d’Ivato, ce numéro de téléphone spécial servira «à dénoncer toute intervention ou pression de la part de vos supérieurs ou autres pour vous empêcher de fouiller un bagage, pour vous empêcher de faire votre travail. J’enverrai immédiatement des responsables de l’ANAF [Agence nationale anti-fraudes] ou du BIANCO [Bureau indépendant anti-corruption]».
L’initiative dont il a fait part hier est vraisemblablement une manière d’affirmer son engagement personnel dans l’amélioration des services, mais aussi dans la lutte contre les trafics des ressources naturelles, dont plusieurs passent par l’aéroport d’Ivato. Sa visite sur place hier est la deuxième en moins d’un an. Comme il l’a rappelé lui-même, en juillet, il y a fait une descente suite aux nombreuses doléances et dénonciations d’abus et de corruption de la part des voyageurs.
Les douaniers ont été parmi les plus critiques et pointés du doigt dans ces dénonciations d’abus et de corruption. «J’ai donné des consignes strictes pour une amélioration de la situation», a rappelé le chef de l’État, en martelant que l’aéroport international d’Ivato est la vitrine du pays. Qu’en tant que tel, c’est à l’aéroport que les étrangers qui viennent à Madagascar, et même les nationaux qui rentrent au pays, se font une première impression de la Grande Île.
En matière de gouvernance, l’État veut vraisemblablement faire de l’aéroport d’Ivato une vitrine de probité et de transparence. Il veut aussi verrouiller les brèches dans lesquelles s’engouffrent les réseaux de trafiquants de ressources naturelles et minières.
Une faille
Outre la lutte contre la corruption, le président de la République s’élève contre «l’interventionnisme». Il a notamment cité en exemple la tentative d’exportation d’or survenue le 23 décembre.
Reprenant la narration des faits, faite par un des douaniers qui ont déjoué la contrebande d’or, le chef de l’État déplore qu’un membre du service protocolaire du ministère des Affaires étrangères, qui a accompagné le porteur de la fausse valise diplomatique contenant l’or, ait tenté d’intervenir pour empêcher qu’elle soit contrôlée. «Il est inacceptable qu’une personne use de son statut et de ses prérogatives pour perpétrer un acte de corruption», s’insurge-t-il.
En se référant aux tentatives de contrebande de ressources naturelles et minières déjouées à l’aéroport d’Ivato depuis quelque temps, le locataire d’Iavoloha affirme qu’il y a «une amélioration, que la méthode appliquée porte ses fruits». L’inauguration des nouveaux équipements et du nouvel aménagement du pôle arrivée des passagers, fait par la douane, est l’une des raisons de la présence du Président à l’aéroport d’Ivato hier.
L’autre raison est la distribution de primes exceptionnelles et de certificats d’avancement exceptionnels pour les douaniers ayant découvert les deux tentatives de trafic d’or, le 11 décembre, jour des élections communales, et le 23 décembre. Une prime de plus de 25 millions d’ariary chacun pour les quatre douaniers qui ont déjoué la contrebande du 11 décembre. Pour les quatre autres qui ont empêché le trafic du 23 décembre, la prime s’élève à plus de 97 millions d’ariary chacun.
Selon les explications du président de la République, cet acte traduit un nouveau mode de fonctionnement de l’État qui consiste «à primer ceux qui font leur travail dans la droiture», en encourageant l’ensemble des agents de la Fonction publique à faire de même. «L’État saura récompenser votre droiture», affirme Andry Rajoelina. Au sujet du montant des primes exceptionnelles attribuées hier, il indique que c’est pour démontrer que l’honnêteté et la droiture paient.
Récompenser les méritants peut être un moyen d’encourager la culture de la droiture et de la probité au sein des rangs de l’administration publique. Ces qualités doivent, pourtant, être des bases du recrutement, outre la compétence et les diplômes. Seulement, il reste une faille qu’il serait nécessaire de combler pour une efficacité accrue dans la lutte contre la corruption. Il s’agit de la lutte contre l’impunité, surtout dans les rangs de ceux qui jouissent des privilèges statutaires. À l’instar d’autres corps au sein de l’administration publique, les douaniers en font partie.
Garry Fabrice Ranaivoson