Les victimes de l’AVC envahissent le service de réanimation du CHU Befelatànana. |
La proximité des structures de santé n’est pas encore effective à Madagascar. Les patients des zones reculées doivent rejoindre les grandes villes pour se soigner.
À la quarantaine, une femme résidant à Antanambao Manampotsy rendait son dernier souffle sur le lit du service de réanimation du Centre hospitalier universitaire Joseph Raseta Befelatànana (CHUJRB) à Antananarivo, le 31 octobre. Elle était victime d’un accident vasculaire cérébral (AVC). Son évacuation dans la capitale a été inévitable. Elle était tombée dans le coma, chez elle, à Antanambao Manampotsy, le lundi 28 octobre, selon les témoignages de sa famille. « Elle a reçu des soins primaires au niveau de l’hôpital de notre district. Les professionnels de santé nous ont recommandé de l’amener d’urgence à Antananarivo », a témoigné un proche de la défunte, hier.
La plupart des patients en état grave admis dans le service de réanimation du CHUJRB proviendraient d’Antananarivo et de ses alentours. Mais il y aurait aussi des patients en provenance d’autres districts, voire des districts reculés. « Certains types d’AVC nécessitent une prise en charge dans un grand hôpital. C’est le cas de l’AVC ischémique (ndlr : présence d’un caillot obstruant un vaisseau sanguin) dont les meilleurs traitements, qui sont associés à la guérison, n’existent que dans quelques hôpitaux. Par ailleurs, lorsque le patient tombe dans le coma, il a besoin d’un soin en réanimation, alors que les services de réanimation ne sont pas disponibles dans tous les hôpitaux. Beaucoup manquent de plateau technique », explique un spécialiste de la prise en charge de cette maladie. Des professionnels de santé signalent, aussi, le manque criant du scanner dans plusieurs hôpitaux. Cet examen est, pourtant, nécessaire pour confirmer l’AVC et déterminer son type.
Complications
Les victimes d’AVC grave dans les districts reculés sont-elles, alors, condamnées à mourir ? Après 13 heures de voyage sur une route chaotique, et trois jours d’hospitalisation, la femme en provenance d’Antanambao Manampotsy meurt. « Le voyage peut aggraver l’état du patient. Les secousses peuvent augmenter les complications. Par ailleurs, le traitement de l’AVC, si on veut un résultat positif, est une véritable course contre la montre, car plus on attend, plus les parties du cerveau endommagées s’agrandissent », poursuit le médecin. Il recommande l’amélioration du plateau technique de prise en charge des AVC, de tous les hôpitaux, y compris ceux des zones reculées, « car l’AVC touche tout le monde ». Il juge urgent le recyclage de tous les professionnels de santé pour adapter leurs connaissances aux nouvelles recommandations de la prise en charge de la maladie.
Une source auprès du ministère de la Santé publique note que le protocole des premiers soins en cas d’AVC a été mis à jour et serait distribué à tous les professionnels de santé. « Les premiers soins sont les plus importants, en cas d’AVC, car ils définissent le pronostic vital du patient. Mais le plus essentiel, c’est la prévention de la maladie. On peut ne pas arriver au stade grave, si on surveille régulièrement sa tension artérielle », conseille-t-elle.
Miangaly Ralitera