Arnaud Guillois, ambassadeur de France, s’adressant à la presse, hier, à Ivandry. |
Comme chaque année, le 11 novembre, date de la signature de l’armistice de la première Guerre mondiale, a été commémorée à Madagascar. Une occasion pour l’ambassadeur de France de plaider pour le renforcement du multilatéralisme en ces temps troublés.
L’unique solution. C’est ainsi qu’Arnaud Guillois, ambassadeur de France à Madagascar, parle du multilatéralisme. Selon lui, «au sens de la France (...), il n’y a pas d’autres solutions que le multilatéralisme» pour surmonter les défis globaux.
Le diplomate a profité de la commémoration du 11 novembre 1918, date de la signature de l’armistice mettant fin à la première Guerre mondiale, pour souligner l’importance du multilatéralisme. «Les défis sont transnationaux», plaide-t-il face à la presse, en marge d’une réception à la résidence de France, à Ivandry. Qu’il s’agisse des défis du développement durable, du changement climatique, ou encore de la migration, de la sécurité et de la défense.
«Donc, il n’y a aucun pays, aussi puissant soit-il, qui peut trouver une solution tout seul», soutient le diplomate. Paradoxalement, pourtant, les défis globaux mettent à l’épreuve le multilatéralisme. Pour la France, le 11 novembre est aussi la journée nationale de commémoration de la victoire et de la paix, ainsi qu’une journée d’hommage à ceux qui sont morts pour la France. L’ambassadeur Guillois ajoute que c’est l’occasion de se remémorer et de faire comprendre à la génération future «le prix de la guerre».
Dans son discours, il affirme que la commémoration du 11 novembre, cette année, «prend une résonance particulière en ces temps troublés. La guerre entre les nations est apparue en Europe, il y a plus de deux ans. Le Proche-Orient en est également actuellement le théâtre». Il ajoute que «la désinhibition de la force par rapport au droit devient omniprésente. Aucune région du globe ne semble épargnée, ni à l’abri».
Les actions multilatérales ne parviennent cependant pas, ni à empêcher, ni à mettre fin aux conflits interétatiques actuels. Le constat est que les intérêts propres des États, surtout des puissances mondiales, prennent le dessus sur les intérêts globaux, et même sur la quête de la paix. Une situation qui prévaut aussi dans d’autres sujets comme la migration, le développement durable et économique, et la lutte contre le changement climatique.
Inclusif
Selon les médias français, en raison de la crispation des relations entre Paris et Baku, Emmanuel Macron, président français, n’a pas pris part à la COP29 qui se déroule en Azerbaïdjan. La France veut pourtant être l’un des leaders mondiaux de la lutte contre le changement climatique. Visiblement, la diplomatie politique bilatérale passe avant la diplomatie climatique.
L’ambassadeur Guillois met aussi en avant l’importance du multilatéralisme «au moment où on voit dans beaucoup de pays des gens qui se replient sur soi, qui veulent promouvoir le nationalisme étriqué». Le retour de Donald Trump à la Maison Blanche, avec sa politique «isolationniste» et «protectionniste», pourrait compliquer la donne. Le futur nouveau président des États-Unis a déjà démontré lors de son premier mandat que le multilatéralisme ne lui parle que s’il sert les intérêts américains.
Pareillement en Europe, où les victoires électorales des partis d’extrême droite et leur politique économique et diplomatique centrée sur soi, font tâche d’huile. «C’est vrai que nous voyons, de-ci de-là, des tentations de remettre en cause le multilatéralisme et nous pensons que c’est une mauvaise solution», réplique Arnaud Guillois, qui rappelle qu’il parle au nom de la France et représente la France ici à Madagascar.
Durant le Sommet de l’Avenir qui s’est tenu au siège des Nations unies, à New York, en septembre, les pays en développement, dont Madagascar, ont appelé à une réponse collective aux crises globales. Et face à l’évolution de la conjoncture mondiale, la Grande île a, notamment, plaidé pour que le multilatéralisme soit repensé.
Dans son discours à la tribune du Sommet de l’Avenir, Rafaravavitafika Rasata, ministre des Affaires étrangères, a soutenu que pour la Grande île, le multilatéralisme «doit être plus inclusif, plus équitable et plus dynamique pour que les besoins des pays vulnérables, des pays insulaires en développement, soient pris en compte». Elle a ajouté que «Madagascar plaide en faveur d’une coopération internationale axée sur des actions inclusives».
Garry Fabrice Ranaivoson