Par dessus le marché

Un jeudi pas comme les autres. On dirait un dimanche. Cela fait longtemps qu’on ne pouvait pas circuler librement comme hier à Mahamasina. Le marché hebdomadaire a été suspendu pour laisser la place à la foire du tourisme et de l’artisanat au stade Barea. Deux foires à la fois, ç’aurait été difficile à gérer. C’est d’autant plus vrai qu’il fallait penser à la sécurité du président de la République venu ouvrir le salon.

Quoi qu’il en soit, Mahamasina ne peut plus contenir le marché qui enfle d’un jeudi à l’autre. La voie pour les véhicules se rétrécit davantage, et il faut rouler au pas pour éviter de faucher les piétons. La construction du nouveau marché à Anosikely n’a rien changé. Pire, l’accès à la maternité de Befelatànana ainsi que celui de l’hôpital sont complètement bouchés par les marchands. Pour celles qui vont accoucher dans l’urgence, il faut faire un véritable parcours du combattant pour arriver à bon port. De même, les ambulances doivent jouer les funambules pour se frayer un chemin vers l’hôpital. La sirène d’avertissement est d’aucun recours.

L’événement d’hier a montré qu’on peut très bien se passer du marché de Mahamasina. On se demande d’ailleurs où vont tous ces marchands les autres jours.

Mahamasina n’est pas un cas isolé. Les autres marchés hebdomadaires comme Isotry et surtout Andravoahangy constituent également un vrai problème pour la circulation et la propreté. Dans les deux endroits, il n’y a pratiquement plus ni parkings, ni trottoirs. Les marchands ont tout accaparé, et ils sont intouchables. Mais qu’on le veuille ou non, la réorganisation des marchés est un des plus grands défis qui attendent le nouveau maire. Il faut absolument prendre des mesures radicales pour éviter un étouffement de la capitale. L’affaire se complique avec l’arrivée de la période de pluie. La ville risque tout simplement de flotter avec un système d’égout totalement défaillant et une population dont l’indiscipline la dispute à l’ignorance. Résultat des courses, aucune mesure d’assainissement n’a pu être menée à terme. Toute décision se heurte à une insubordination des concernés. Mais la suspension du marché de Mahamasina a montré qu’il suffit d’une intransigeance pour se faire respecter. Quand le clientélisme électoral ne s’en mêle pas, l’autorité s’impose.

Sylvain Ranjalahy

Enregistrer un commentaire

Plus récente Plus ancienne