Élection et imagination

La météo de l’actualité peut déjà prédire un début de semaine chauffé par un phénomène qui revient tous les quatre ans : l’élection présidentielle américaine. Les braises ont déjà commencé à être consumées par l’intensité des propos qui alimentent les meetings et débats qui ont eu pour protagonistes Donald Trump et Kamala Harris, candidats pour l’une des fonctions politiques qui peuvent susciter le fantasme et nourrir les belles heures de l’imagination.

Quand la diplomatie ou la géopolitique, les principaux projecteurs qui illuminent l’aura du président américain, ne sont pas présentes dans la liste des centres d’intérêt, le cinéma et la télévision n’oublient pas d’inclure dans leur hotte, remplie de divertissements, une image fascinante de cette fonction que se disputent les deux personnages qui occuperont une partie centrale des informations. Cette ascendance de la fiction a ainsi contribué à créer un enchantement qui a procuré un pouvoir envoûtant au président des États-Unis, un charme dont sont dépourvus ses homologues.

Même si certains, comme Abraham Lincoln, John Fitzgerald Kennedy, ont laissé une image légendaire d’eux avec un charisme qui continue de leur survivre, les présidents qui sont sortis de la capacité créatrice humaine ont, cependant, aussi marqué profondément les esprits. La mémoire retient une dimension héroïque de la figure quand elle a été nourrie par des films comme Independence Day (R. Emmerich, 1996) ou Air Force One (W. Petersen, 1997). Les figures historiques ne peuvent aussi échapper à cette faculté de sublimation quand Lincoln a, par exemple, été magnifié par Steven Spielberg.

Nous avons ainsi une figure qu’on exploite, entre autres pour provoquer la catharsis, quand elle suscite des émotions intenses où peuvent se mêler, par exemple, la pitié et la terreur comme lorsqu’on assiste aux épreuves subies par David Palmer, le président intègre emblématique de la série 24. Ce même sentiment de tragique que peuvent mettre en branle les présidents de la saga cinématographique La Chute. Ils peuvent ainsi, en nous basant sur les écrits d’Aristote, contribuer à la purification de nos émotions ainsi libérées. Ayant passé des heures agitées avec les présidents de fiction, les présidents du monde réel peuvent facilement captiver l’attention.

C’est ainsi que ce qui va se jouer aux États-Unis a une force magnétique qui fait tourner les regards vers ce duel à l’issue duquel on connaîtra le nom du (ou de la) quarante-septième POTUS (President Of The United States).  Un combat qui peut, pour certains, avoir la même puissance émotionnelle que les films. Et pour l’instant, le suspense est encore à son comble.

Fenitra Ratefiarivony

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