Des députés se sont bousculés pour prendre la parole, durant la séance de jeudi. |
À l’initiative des députés d’opposition, les ministres concernés par les domaines à problèmes actuels ont été convoqués à l’Assemblée nationale, jeudi. Une séance d’interpellation qui a duré onze heures.
Acculés. Les députés, qu’ils soient d’opposition, non affiliés, ou même ceux de la majorité et le groupe des indépendants, n’y sont pas allés de main morte, jeudi. Durant onze heures, ils ont matraqué de questions, de relances et de remarques les ministres qui leur ont fait face durant une séance d’interpellation.
Cette séance d’interpellation a été à l’initiative du groupe parlementaire d’opposition, Firaisankina. Pour la première fois, le dernier alinéa de l’article 102 de la Constitution a été mis en œuvre. La loi fondamentale dispose en effet que “trois jours de séance par mois sont réservés à un ordre du jour arrêté par chaque Assemblée, à l’initiative des groupes d’opposition de l’Assemblée intéressée ainsi qu’à celle des groupes minoritaires”.
Le ministre des Forces armées, celui de la Sécurité publique, le ministre de l’Énergie et des hydrocarbures, le ministre de l’Eau, de l’Assainissement et de l’Hygiène, celui des Travaux publics, ainsi que le ministre délégué en charge de la Gendarmerie nationale ont ainsi été convoqués à la Chambre basse. Pour cette grande première, les députés d’opposition ont ainsi choisi de mettre le pied dans le plat et d’aborder de front les secteurs à problèmes du moment.
Les députés de tout bord ont bousculé les ministres convoqués sur la crise de l’eau et de l’électricité, notamment dans le Réseau interconnecté d’Antananarivo (RIA), l’insécurité, surtout rurale, et l’état de délabrement des routes, surtout les routes nationales. En tant que chef de l’opposition parlementaire, c’est le député Siteny Randrianasoloniaiko, vice-président de l’Assemblée nationale, qui a décoché la première flèche.
Insatisfaisantes
La charge de l’élu de Toliara I a particulièrement été dirigée contre le ministre de l’Eau et celui de l’Énergie. Outre les coupures d’eau et d’électricité à Antananarivo et ses environs, le député Randrianasoloniaiko a aussi pointé du doigt la lenteur dans la construction du pipeline Efaho. La raison d’être de ce projet est d’approvisionner en eau potable et en eau d’irrigation des cultures, les zones arides de la région Anosy et Androy. Un projet qui devrait permettre de lutter durablement contre l’insécurité alimentaire dans cette partie de l’île.
Dans leurs réponses, les ministres ont mis en avant des chiffres et des arguments techniques pour expliquer la situation. Les actions d’urgence et les projets à court et moyen terme, mais aussi sur le long terme, ont également été soulignés. Certains députés n’ont toutefois pas hésité à affirmer que les réponses des ministres “étaient insatisfaisantes”. La non-exécution de projets de construction de parcs solaires, pourtant déjà annoncés depuis plusieurs mois, est, par exemple, sévèrement pointée du doigt par les élus de la Chambre basse.
Outre les ministres de l’Énergie et de l’Eau, celui des Travaux publics a aussi été particulièrement acculé. Ceci, à cause des retards ou de la non-concrétisation des engagements étatiques en matière de réhabilitation de routes dans les circonscriptions respectives des députés qui ont pris la parole sur le sujet. L’insécurité reste un sujet récurrent dans les interpellations des membres du gouvernement par le Parlement. Surtout que depuis plusieurs mois, les kidnappings en zone rurale font rage et que les Dahalo reprennent du service.
Pour leur première séance de face-à-face avec des membres du gouvernement, les députés de cette nouvelle législature ne se sont pas attardés aux flagorneries ou aux demandes et aux déclarations farfelues, contrairement à la précédente mandature. À l’instar des citoyens, les députés attendent des solutions et la résolution rapide des problèmes du moment.
Garry Fabrice Ranaivoson