ANTSIRANANA - Le conte, une sagesse transgénérationnelle

Cerveau Kotoson avec David Jaomanoro, son mentor d’écriture entre autres.  

« Le rôle du conteur n’est pas seulement de distraire ou d’informer, mais de forger un lien entre les générations, de nourrir une mémoire collective et de stimuler une créativité qui peut inspirer des générations futures. Le conteur ne compte pas ses mots, car ses histoires ne finissent jamais, elles continuent à vivre à travers nous tous. »   

Cerveau Kotoson se dédie, depuis 1997, à l’art du récit, comme conteur professionnel. Il a commencé à conter à 17 ans et, quand il a créé sa compagnie de danse contemporaine Cap Sud  Madagascar, il a mixé la danse et ses histoires.  

Né et élevé à Madagascar, Cerveau Kotoson a grandi dans un environnement où la tradition orale occupe une place centrale. Il explique que ses grands-parents avaient l’habitude de les éduquer par les contes. Sa mère est linguiste et anthropo-malagachisante et son père est sociologue, les deux sont sortis de l’université d’Ankatso et étaient parmi les meilleurs de leur génération. Ils avaient cette façon de façonner une personne par les mots et les exemples. Jamais de violence.  

Il aborde le conte en suivant le conseil de David Jaomanoro et Nassur Attoumani, qui sont devenus ses mentors. Certains critiques littéraires disent dans leurs ouvrages qu’il est l’héritier de la plume de David Jaomanoro.  

Réflexion profonde

En tant qu’auteur et chorégraphe, il puise son inspiration dans la culture malgache, riche en mythes, légendes et danses ancestrales. Toutefois, son œuvre ne se limite pas à une simple transmission de ces traditions. Enseignant à l’Université Nord d’Antsiranana, il forme les jeunes générations à comprendre, interpréter et réinventer cet héritage, en y intégrant des perspectives modernes et des problématiques contemporaines. Pour lui, enseigner le conte, c’est enseigner à penser, à ressentir et à créer des ponts entre les générations.  

Selon lui, un conteur, lorsqu’il se lance dans l’art de raconter, ne mesure pas la portée de ses mots en termes de quantité, mais en termes d’impact et de résonance. Ses histoires, tout comme les vagues caressant le rivage, sont destinées à traverser les âges, atteignant chaque génération avec une leçon de sagesse intemporelle. Ses œuvres et ses enseignements puisent dans une richesse culturelle qui transcende les frontières et les âges, tout en apportant une réflexion profonde sur l’héritage universel du récit.  

Sa carrière de journaliste a enrichi son point de vue sur le monde, lui permettant d’observer et d’analyser les transformations culturelles et sociales, non seulement à Madagascar, mais aussi à l’international. Selon lui, le rôle du conteur est de distiller des valeurs qui transcendent le cadre temporel et géographique. Ses récits, bien qu’ancrés dans la culture malgache, abordent des thèmes universels. Le conte, dans sa forme la plus pure, est une source inépuisable de sagesse, une manière de réfléchir à notre place dans le monde.  

Dans ses chorégraphies, le jeune conteur marie les gestes traditionnels malgaches à des expressions contemporaines, montrant ainsi que l’héritage culturel est vivant, fluide, capable d’évoluer tout en préservant son essence. Ses récits dansés sont, en eux-mêmes, des contes universels où les corps expriment des émotions et des histoires qui touchent tous ceux qui les regardent, quelle que soit leur origine.  

Raheriniaina  

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