La technique qui utilise la couverture morte attire l’attention des paysans. |
Dans le district d’Ambilobe, la production de bananes est en grande partie destinée à l’autoconsommation ou à la vente locale, jouant ainsi un rôle crucial dans la sécurité alimentaire.
Les populations dépendent de la banane comme source de nourriture et de revenus. Cependant, les rendements, qu’ils soient destinés à la consommation humaine ou à la vente, restent bien en deçà de leur potentiel.
Face à cette situation, le programme de développement rural AFAFI-Nord (Appui au Financement de l’Agriculture et aux Filières Inclusives) vise à la fois à développer les filières et les chaînes de valeur agricoles, et à renforcer la sécurité alimentaire et nutritionnelle des exploitations agricoles familiales. Ce programme repose sur une large gamme d’activités interdépendantes répondant aux besoins spécifiques des bénéficiaires. Toutefois, des difficultés organisationnelles et socio-économiques complexifient la structuration de la filière.
Chantier-école des paysans (CEP)
Le projet vise à former les paysans producteurs de bananes à des pratiques innovantes et respectueuses de l’environnement. Il s’agit d’une réponse durable pour le développement de la production de bananes à Ambilobe.
Cette activité est principalement assurée par le FOFIFA CRR-Est, reconnu pour son expertise en culture de bananes, en collaboration avec la Direction Régionale de l’Agriculture et de l’Élevage (DRAE).
La méthodologie adoptée inclut l’identification de sites TOT (Training of Trainer) selon des critères précis, la sélection de paysans facilitateurs (PF), et une approche d’apprentissage par alternance suivant un calendrier établi. De plus, les groupes CEP bénéficient de petits équipements pour mettre en pratique les connaissances acquises après la formation.
Les paysans ont mis en place trente facilitateurs et CEP banane. Le projet Fiaro, collaborateur de l’AFAFI-Nord, a équipé vingt-six organisations paysannes (OP) de germoirs pour produire des jeunes plants et assurer leur adoption par les paysans.
Les facilitateurs ont suivi plusieurs modules de formation, notamment sur les itinéraires techniques de plantation, le test variétal, la mise en place de germoirs, pépinières, compostières, ainsi que sur des pratiques comme l’association et la rotation culturale, l’utilisation de plantes fourragères et de service, ou encore le test de couverture végétale entre les rangées de bananiers.
Technique du GERMOIR PIF
La technique PIF (Plants Issus de Fragments) est une méthode de multiplication horticole des plants de bananier. Elle consiste à fragmenter le bulbe du bananier pour produire de nombreux plants. Cette technique permet de générer des rejets sains avec une productivité élevée : jusqu’à cinquante plants par bulbe en trois à quatre mois, et ce, toute l’année.
À Antanamazava, dans la commune rurale de Mantaly, un site TOT a permis de former trente facilitateurs sur la production de bananes. Ces participants suivent une formation de dix mois, actuellement en cours, avant de passer à la pratique. Trois éléments sont essentiels pour réussir cette technique : un germoir pour la multiplication, une serre pour recouvrir le germoir, et une ombrière réduisant la lumière directe du soleil d’environ 50 %.
Selon Raphaël, un facilitateur formé au site d’Antanamazava, les bulbes sont installés dans un germoir rempli de sciure de bois d’environ 20 cm. Deux jours avant, le germoir est traité, suffisamment arrosé, et son châssis recouvert d’un film plastique transparent. Deux semaines après l’installation des bulbes, arrosés abondamment et régulièrement, de nombreuses pousses apparaissent.
Les paysans formés doivent appliquer les connaissances acquises sur leurs propres plantations. L’organisation paysanne Miray Hina a déjà établi une plantation à Antanamiavotro. Celle-ci regroupe diverses techniques sur trois variétés de bananiers : « porofoka », « amborobogno» et « kotika ».
Techniques innovantes
L’organisation Miray Hina utilise également quatre types de techniques comme vitrines :
L’utilisation de couverture morte (paillage).
L’utilisation de culture verte, comme le « kodry ».
L’association de cultures.
« Grâce à ce site, il est possible de comparer la croissance des bananiers selon les méthodes traditionnelles et les nouvelles techniques. La majorité des paysans optent pour la couverture morte en raison de ses résultats satisfaisants », explique Rolin Tombozara, facilitateur de l’association OP Miray Hina d’Antanamiavotro.
Raheriniaina