La solution ultime

Non, il ne s’agit ni d’une nouvelle version du fameux livre de Pierre H. Richard, ni de la comédie de Baz Taylor, mais cela pourrait bien concerner la Jirama. La situation en matière d’électricité empire d’un jour à l’autre. Les abonnés ne bénéficient plus que de quatre heures de courant par jour. Et ça diminue comme peau de chagrin. À l’allure où vont les choses, on voit mal comment la situation peut s’améliorer sans que la colère de la population finisse par une révolte. C’est d’ailleurs déjà le cas en certains endroits dans la capitale comme ailleurs. Les mesures de redressement prises par le DG israélien de la Jirama sont de plus en plus radicales et insupportables. 

Il fut un moment où, au lieu de trouver une solution, la Banque mondiale affirmait qu’il n’y a que 16% de la population qui sont concernés par l’énergie électrique, alors que cela coûte beaucoup d’argent à l’État. Étrange façon de voir les choses. Au lieu d’augmenter le nombre de foyers privilégiés par l’électricité, on réduit à néant l’approvisionnement. On oublie que parmi les 16% figurent les entreprises, grandes, moyennes et petites, moteurs du développement et dont l’existence aujourd’hui est mise en péril par le délestage. Il y a également l’administration publique, les services publics dont les activités sont pratiquement paralysées par les longues coupures d’électricité.

En attendant la réalisation des grands projets en énergies classiques ou renouvelables, la population devra prendre son mal en patience. Sa résilience est déjà exemplaire, mais jusqu’où tiendra-t-elle?

La Jirama et Air Madagascar sont les deux seules sociétés d’État qui n’ont pas été privatisées selon les recommandations des bailleurs de fonds. La première avait fait l’objet d’un affermage Grekko et la seconde, avec le géant allemand Lufthansa. L’entreprise était couronnée par plus ou moins de succès. Toujours est-il que les deux sociétés touchent le fond de l’abîme aujourd’hui.

La privatisation des deux entreprises reste une option qui sonne mal aussi bien aux employés qu’à un certain courant de l’opinion arguant qu’il s’agit de patrimoine national. Soit, mais si c’est pour mettre en péril tout le développement économique, voire toute l’existence de la population, c’est un suicide de continuer dans cet entêtement. Plus tard, même si les grands projets en énergie se réalisent, la Jirama sera toujours tributaire de ses fournisseurs, un revendeur de kilowattheure à ses abonnés. En 2019, la Banque mondiale avait annoncé que le compte de la Jirama serait créditeur à partir de 2025. Une vision trop optimiste pour être crédible.

Si la privatisation n’est pas toujours effectivement une solution profitable à la population, surtout si la concurrence espérée se transforme en un arrangement sur les prix, comme c’est le cas dans le secteur du carburant et de la télécommunication, on peut se rabattre sur la libéralisation du secteur de l’électricité. La Jirama existera toujours à côté d’autres fournisseurs d’énergie lesquels auront chacun leur prix et leur qualité de service. Le choix incombera aux clients. La formule marche très bien en Allemagne où la population peut choisir entre neuf cent soixante et onze fournisseurs d’énergie. Où est le mal ? Si ce n’est pas la solution du TIM, c’est au moins la solution ultime.

Sylvain Ranjalahy 

1 Commentaires

  1. Dans l'état actuel de ces deux compagnies, la privatisation est la "moins mauvaise" des solutions. le rôle de l’État c'est la régulation: au ministère de l'énergie de regarder ce qui fonctionne ailleurs et retenir pour la population le système privé le plus juste. Effectivement le modèle allemand est efficace mais il y en a d'autre. Mada doit oser ce comparer pour progresser.

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