C’est en malgache que Roland Kobia, nouvel ambassadeur de l’UE, a remis ses lettres de créance au président Andry Rajoelina, hier, à Iavoloha. |
Roland Kobia, nouvel ambassadeur de l’Union européenne, a remis ses lettres de créance au président de la République, hier. Après le départ prématuré de sa prédécesseure, Isabelle Delattre Burger, le diplomate qualifie sa prise de fonction de nouveau chapitre dans les relations entre Madagascar et l’Europe.
Je regarde vers l’avenir. Ce sont les mots de Roland Kobia, nouvel ambassadeur de l’Union européenne (UE), à l’issue de la présentation de ses lettres de créance à Andry Rajoelina, président de la République, hier, au palais d’État d’Iavoloha. À l’entendre, son entrée en scène marque «un nouveau chapitre» dans les relations entre la Grande Île et l’Europe.
Visiblement, le nouveau chef de file de la délégation de l’UE ne veut pas s’attarder sur la grisaille qui a drapé les relations diplomatiques entre l’Europe et Madagascar depuis quelques mois. Pour démontrer la volonté des deux parties de repartir du bon pied, le nouvel ambassadeur met l’accent sur la célérité de l’officialisation de sa prise de fonction, officialisée par la remise de ses lettres de créance au chef de l’État, hier.
«Cela ne fait que deux semaines que je suis dans le pays. Donc je pense que, déjà, cette réception rapide par M. le Président est un signe de la volonté des deux parties de relancer un chapitre nouveau dans les relations bilatérales. Nous avons beaucoup discuté des dossiers, des différentes choses à faire dans les différents secteurs», déclare alors Roland Kobia, en réponse à la presse, à sa sortie de son entretien avec le locataire d’Iavoloha.
Toujours face à la presse, l’ambassadeur Kobia souligne que ses lettres de créance sont signées par «le président du Conseil européen, Charles Michel, et par la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, qui m’ont tous les deux désigné comme ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de l’Union européenne à Madagascar.»
Par ces propos, le diplomate veut probablement prouver que son approche pour un raffermissement des liens bilatéraux avec la Grande Île est adoubée par les plus hautes instances de l’UE. Bien que les autorités aient toujours affirmé que les relations entre Madagascar et l’Europe sont au beau fixe, en coulisse, leurs liens diplomatiques se sont refroidis. En cause, le départ prématuré d’Isabelle Delattre Burger, la précédente ambassadrice de l’UE.
Présentation en malgache
En début avril, l’État avait demandé le rappel de l’ancienne ambassadrice Delattre Burger, au motif «d’une ingérence dans les affaires internes de Madagascar». La prise de position de cette dernière contre l’inscription de la castration chirurgicale des violeurs d’enfants dans le code pénal a scellé la rupture avec l’administration Rajoelina, cette réforme juridique ayant été défendue à cor et à cri par le président de la République, lui-même.
Questionné par la presse à sa sortie du palais d’Iavoloha, hier, Roland Kobia, s’en tenant à sa posture de «regarder vers l’avenir», a botté en touche le sujet de la castration. «Je viens d’arriver il y a deux semaines. Comme je l’ai dit au Président, c’est mon cinquième poste d’ambassadeur. J’ai appris une sagesse : il faut écouter, il faut comprendre. Donc moi, je regarde vers l’avenir et nous discuterons de tout ça au moment opportun», a-t-il simplement rétorqué.
Moins cash et plus dans le ton diplomatique que sa prédécesseure, le nouvel ambassadeur de l’UE s’est appliqué à soigner son entrée en scène. Le but est vraisemblablement de démarrer sur de bonnes bases «le nouveau chapitre» des relations entre la Grande Île et l’Europe. De nationalité belge, c’est «en malgache» que Roland Kobia s’est présenté au président de la République lors de la remise de ses lettres de créance.
Toujours en malgache, le diplomate a indiqué qu’il représente les vingt-sept pays membres de l’UE, ajoutant, «je déploierai tous les efforts nécessaires pour établir une relation de confiance et efficace [entre Madagascar et l’Union européenne]». Outre le réchauffement des relations diplomatiques, la prise de fonction de Roland Kobia coïncide avec le début d’un nouveau chapitre dans les relations de l’UE avec ses partenaires en Afrique, dans le Pacifique et dans les Caraïbes.
Madagascar a ratifié l’accord des Samoa il y a quelques mois. Il s’agit du nouvel acte qui régit le partenariat entre l’Union européenne et les États membres de l’Organisation des États d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (OEACP) durant les vingt prochaines années. Il remplace ainsi l’ancien accord de Cotonou. L’ambassadeur Kobia aura comme principale mission de travailler avec l’État malgache pour la mise en œuvre de ce nouvel accord dans l’optique d’une coopération gagnant-gagnant.
Garry Fabrice Ranaivoson