Les gendarmes transportant les suspects à bord de leur voiture. |
Un membre du groupe de citoyens-soldats a tué un homme lors d’une rixe dans le district de Tsiroanomandidy. Les acolytes de la victime l’ont lynché avec son fils.
Dix hommes ont été écroués à Tsiroanomandidy depuis le 3 septembre pour avoir commis un double meurtre par lynchage à Benonoka, dans la commune de Belobaka.
Ce crime trouve ses racines dans une altercation violente entre deux individus, identifiés comme Fredo et Rajoso, un «zazamainty» (citoyen-soldat), le 10 juin lors d’une soirée arrosée à Moraranokely. Des coups de feu ont été échangés, blessant le fils du second.
Cette soirée fatidique s’est soldée par la mort de Fredo, un résident de Tsaratanana-Andasipiké. Il a été lardé de coups de couteau. Rajoso, réalisant la gravité de la situation, a pris la fuite avec son fils Daniel.
Les tensions se sont enchaînées le lendemain, lorsque la colère de quelques membres de la tribu de Fredo a atteint son paroxysme. Une foule en furie a intercepté le véhicule transportant Rajoso et son fils, qui se dirigeaient vers le Centre hospitalier de référence régionale de Tsiroanomandidy pour des soins médicaux. Ce qui aurait pu être une simple intervention médicale s’est transformé en un véritable drame.
Dépassés
La situation a vite dégénéré. Même si deux gendarmes escortaient le zazamainty et son fils, ils se sont retrouvés dépassés par le nombre de leurs assaillants et n’ont pas pu intervenir. Un bain de sang aurait pu avoir lieu s’ils avaient eu recours à leurs armes. La bande venue les attaquer était armée jusqu’aux dents. Elle a saisi et emmené ses cibles un peu plus loin, où elle les a sauvagement charcutées à mort.
«Ces gens auraient dû porter plainte s’ils voulaient poursuivre Rajoso en justice, mais ils ont immédiatement procédé à un règlement de comptes. De leur côté, les proches des deux personnes victimes de la vindicte populaire n’osent pas eux non plus formuler une plainte. Les autres zazamainty s’en sont alors occupés», explique un officier supérieur, joint par téléphone hier.
Ce n’est qu’après l’intervention du commandant de la compagnie de Tsiroanomandidy, en collaboration avec l’État-major mixte opérationnel (EMMO/REG) Bongolava, que les suspects ont pu être appréhendés.
Gustave Mparany