Feux divers

Sept incendies en une journée. Le retour de la chaleur s’est accompagné d’un déferlement du feu dans la capitale. Les sapeurs-pompiers n’ont jamais été autant sollicités. De toutes leurs interventions, celle de Behoririka a été sans conteste la plus dangereuse. Il s’agit d’un centre commercial de plusieurs étages. Le feu a débuté au sous-sol avant de lécher quelques pavillons.

C’est d’autant plus inquiétant que les incendies sont devenus fréquents dans ce China Town de Behoririka. En 2006, en 2019, en 2023 et hier, de graves incendies ont frappé des boutiques différentes dans cet immense centre commercial. Pour le moment, il n’y a eu aucune victime à déplorer pour la simple raison qu’en 2019 et en 2023, les incendies se sont déclarés la nuit, où il n’y a que les agents de sécurité postés dehors. Hier, l’incendie a eu lieu alors que les acheteurs étaient en plein dedans. On imagine aisément la panique qui s’est emparée des uns et des autres pour tenter de trouver la porte de sortie. À ce moment-là, la lucidité est complètement nulle. Tout le monde perd la tête, les clients comme les propriétaires, soucieux de sauver ce qui peut l’être. Plus que le feu, la bousculade risque d’être mortelle. C’est d’autant plus vrai que certaines boutiques constituent un véritable labyrinthe où l’on se perd facilement. Dans un moment de panique, il est impossible de trouver la sortie.

À se demander si les autorités ont exigé des normes de sécurité pour toutes ces boutiques. Visiblement non, étant donné que toutes les boutiques sont dépourvues d’issue de secours. Il n’y a que quelques extincteurs. Or, le risque d’un embrasement est énorme puisque toutes les marchandises sont extrêmement inflammables, en l’occurrence des tissus en nylon ou en acrylique, diverses matières en plastique, des flacons d’insecticide ou de parfum… Autrement dit, si par malheur un feu échappe à tout contrôle, sa violence risque d’être incommensurable.

Il fut un temps où la mairie de Tana voulait détruire des boutiques de Behoririka dont la construction n’était pas conforme à celle qui était convenue, mais elle a renoncé pour des raisons qu’on ignore.

On se demande également si ces boutiques sont nanties d’une assurance incendie. Ce qui est peu probable vu les risques énormes encourus à tout moment par ces bâtiments contigus. Le feu se propage facilement d’une boutique à l’autre à une vitesse supersonique. C’est loin d’être un feu divers.

Sylvain Ranjalahy

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