AUTOSUFFISANCE ALIMENTAIRE - Madagascar mise sur le riz hybride

S’étendant sur 100 hectares, le centre d’expérimentation du riz hybride de Lukou en compte quatre cents variétés.

L’État met un coup d’accélérateur à l’intégration de la culture du riz hybride dans le système agricole. L’autosuffisance alimentaire et le statut de grenier à riz de l’océan Indien et d’Afrique sont les objectifs. 

Parvenir à la transformation agricole. C’est une des lignes de front défendues par la délégation malgache durant le Forum sur la coopération Chine-Afrique, à Beijing. Pour y parvenir, l’État mise sur le riz hybride.  

C’est par la culture du riz que l’État compte amorcer la transformation agricole du pays. Un double objectif est ainsi affirmé : parvenir à l’autosuffisance alimentaire et redevenir le grenier rizicole de l’océan Indien et d’Afrique. À entendre les explications, le choix du riz hybride s’impose. Fruit des recherches de l’agronome chinois Yuan Longping, le riz hybride propose des variétés de semence adaptées aux conditions du sol et aux conditions climatiques pour un rendement qui peut dépasser les 12 tonnes à l’hectare.  

Deux protocoles d’accord portant sur le riz hybride ont ainsi été signés, hier, entre le gouvernement malgache et la société Yuan’s Seed. C’était le corollaire de la visite présidentielle au centre d’expérimentation du riz hybride dans la commune de Lukou, province de Hunan. Il s’agit d’une entreprise de production de semences de riz hybride dirigée par Yuan Dingan Longping, petit-fils de Yuan Longping.  

L’axe majeur de ces mémorandums d’entente signés hier est la production, à Madagascar, de semences de riz hybride, particulièrement «les semences parentales», pour ne pas dépendre de l’importation. Un parc de culture de la semence de riz hybride d’une superficie de 2 000 hectares sera ainsi aménagé dans la localité de Betsipotika, du côté de Morondava. Les semences produites à Betsipotika seront ensuite dispatchées par région, dans le cadre d’une « vulgarisation à grande échelle de la culture du riz hybride ».  

« Nous allons tout mettre en œuvre pour la réalisation des protocoles d’accord que nous avons signés ici », déclare Andry Rajoelina, en réaffirmant la volonté étatique pour que le riz hybride soit rapidement cultivé à grande échelle à Madagascar. Les résultats des recherches effectuées par un centre d’expérimentation sis à Mahitsy, appuyé par la société Yuan’s Seed, démontrent justement que le riz hybride peut être cultivé à Madagascar.  

Priorité de l’État  

Depuis quinze ans, ce centre a développé cinq variétés de riz hybride adaptées au sol et au climat malgache. Elles produisent entre 7,5 tonnes et 12 tonnes à l’hectare. Le challenge que veut relever Madagascar est pourtant de doubler ou tripler son rendement actuel pour atteindre son autosuffisance alimentaire. Avec un rendement moyen de 2,5 tonnes à l’hectare actuellement, les résultats des recherches du centre de Mahitsy indiquent qu’avec le riz hybride, il est possible de doubler voire tripler les récoltes actuelles. 

« Avec une plantation de riz hybride de 300 000 hectares et une hausse de 2 tonnes à l’hectare du rendement actuel, nous pourrions résoudre le problème alimentaire à Madagascar en quelques années », atteste, par ailleurs, Yuan Dingan Longping, en ajoutant que cela peut se faire en peu de temps. Il faudra, toutefois, que la volonté étatique de vulgariser, le plus tôt possible, le riz hybride se traduise en actes.  

Lors de la visite du musée du Centre de recherche et de développement du riz hybride, à Hunan, dimanche, le président de la République a érigé en « priorité de l’État » la vulgarisation et la culture à grande échelle du riz hybride. Sur le plan de la sécurité alimentaire, il a été expliqué durant cette visite que le riz hybride a permis à la Chine de parvenir à l’autosuffisance alimentaire dans les années 80. Ceci, après une période de forte insécurité alimentaire dans les années 60 et 70.  

Sur le plan économique, la culture du riz hybride a hissé la Chine au rang de premier exportateur de riz au monde, selon les explications durant la visite de dimanche. Les semences revêtent également un caractère stratégique. Ce n’est que récemment, en effet, que l’État chinois a donné le feu vert pour l’exportation de semences parentales dans « des pays triés sur le volet ». Le Bangladesh et les États-Unis font, par exemple, partie des pays importateurs des semences chinoises de riz hybride.  

« Le riz hybride a une valeur nutritive de 20 % en plus que le riz classique », affirment par ailleurs les chercheurs du Centre de recherche et de développement du riz hybride, à Hunan. Quoi qu’il en soit, les Chinois, dont le riz est également l’aliment de base, consomment du riz hybride à longueur d’année. « Avec les semences de riz hybride, on va augmenter la production du riz mais aussi les revenus des ménages. Les études ont démontré que chaque paysan augmentera de façon conséquente ses revenus par hectare », soutient, du reste, le président de la République.  

Toujours sur les impacts économiques, Andry Rajoelina argue : « Nous allons économiser 250 millions de dollars, puisque nous n’allons plus importer du riz chaque année. Et c’est très important pour l’équilibre de la balance commerciale de Madagascar ». À cela s’ajoutent les impacts sur les revenus étatiques et les réserves en devises lorsque le moment d’exporter massivement du riz viendra.  

Garry Fabrice Ranaivoson 

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