Ah, ces Jeux Olympiques, ces JO 2024. D’ailleurs, je me dépêche de chroniquer sur la cérémonie d’ouverture des fois que la cérémonie de clôture nous réserve encore d’autres «surprises».
Parmi les moments forts, ceux du sport parce qu’il en faut tout de même, je retiendrai le record du monde de 6m25 au saut à la perche de l’Américano-Suédois au nom tellement français, Armand Duplantis, ce qui lui a valu la sympathie tonitruante du public parisien. Même pas sportif du dimanche, j’ai su apprécier le ippon dévasteur du Français Teddy Riner contre son adversaire japonais Tatsuro Saito : voir de tels colosses virevolter comme d’aériennes ballerines confine à l’art. Rien que pour garder cette fibre d’émerveillement, comment ne pas se dire mais où les chorégraphes vont, chaque fois, chercher tout ça, en natation artistique. Pour la petite histoire, et pour pas que les commentaires parlent du quatrième en oubliant les trois premiers, c’est bien la Chine qui a remporté la médaille d’or, devant les États-Unis et l’Espagne.
Ah, le chauvinisme des journalistes français ! Le Gaulois terrasse son adversaire, entend-on dire, avant de découvrir que c’était juste pour la médaille de bronze. On ne saura jamais les nationalités, encore moins les noms, des deux finalistes dont l’un aura donc éliminé l’irréductible Astérix en cours de route.
En marge du sport, à moins que l’esprit sportif en fasse intrinsèquement partie, j’ai aimé le selfie commun des pongistes Coréens, du Sud et du Nord, réunis symboliquement au-delà de la ligne de démarcation du 38ème parallèle : peut-être, parmi eux, y avait-il des arrière-petits-cousins séparés par une vieille absurdité. Ah, ce podium de la gymnastique au sol avec les Américaines Simone Biles et Jordan Chiles accueillant avec une joyeuse révérence la championne brésilienne Rebecca Andrade. Sachant toutefois que la Roumanie a saisi le Tribunal Arbitral du Sport pour le déclassement de sa gymnaste Ana Barbosu, médaillée de bronze quelques secondes avant une réclamation des Américains. Ne pas oublier non plus cette image de l’équipe de France de judo par équipes mixtes tout en Black, ou celle de l’équipe étasunienne de ping-pong, intégralement Asian : nous vivons décidément une époque entre passé décomposé et futur recomposé.
Sportives ou politiques, aux Jeux, il y aura toujours des polémiques. Mais, la question de l’hyperandrogénie autour de Imane Khelif (Algérie) et Lin Yu-Ting (Taïwan) restera dans les annales. Les deux athlètes avaient été exclus des championnats du monde 2023 à New Delhi, par l’IBA, après leur échec aux analyses médicales d’établissement de genre. Sur fond de règlement de comptes entre le Comité international olympique et la Fédération internationale de boxe, cette controverse sur le genre s’inscrit dans une démarche socio-politique que la cérémonie d’ouverture de ces JO 2024 avait déjà revendiquée.
Auparavant, saluons cette merveille d’ingénierie que fut ce cheval argenté galopant sur la Seine. L’Antiquité avait le «Cheval de Troie», de bois harnaché d’or. Un jour on parlera du «Cheval de la Seine», en carbone et tissus composites d’Airbus, figure de proue d’un trimaran sous-marin à foil, motorisé électriquement pour galoper à la vitesse de 12,5 noeuds, conçu par la société bretonne MMProcess (Saint-Pierre, Quibderon), tandis que le cheval mécanique est l’oeuvre de Atelier Blam (Nantes) qui avait posé la problématique : comment déplacer la masse d’une tonne, à 22 kmh, sans faire de vague derrière lui et sans être visible en surface.
Parce qu’on ne va pas réduire ces JO 2024 aux extravagances dans lesquelles la «tradition française» refuse de voir «l’esprit français». Vous avez sans doute déjà vu cette énième moquerie : une patrouille tombe sur un inconnu qui supplie «Ne tirez pas, je suis Français» ; les soldats lui intiment : «Prouve-le» ; alors, on voit apparaître, les bras en l’air, un Dionysos, «derme bleu, barbe orange et ventre replet» (Le Monde), que tout le monde aura reconnu comme Philippe Katerine (né Philippe Blanchard).
Même en louvoyant beaucoup, on en arrive à LA controverse : «Cène» ou scène-sur-Seine ? Sans sous-titre, qui aurait compris que l’on avait là affaire avec le dieu de l’ivresse et de l’extase. Le spectacle offert à des milliards de téléspectateurs était trop proche du tableau mondialement connu de Leonard de Vinci pour ne pas flirter avec le scandale. On n’allait pas demander à une audience globale mondiale une licence d’histoire de l’art pour distinguer entre «La Cène» (1498) et le «Festin des dieux» (1640). Hindous, musulmans, et bien sûr chrétiens (simples Croyants, l’épiscopat français, la conférence des évêques de France, le Pape), furent nombreux à dénoncer un manque de respect. Dans sa réaction très «civilisée», repassant même en boucle d’autres parodies que la liberté d’opinion et d’expression n’aurait pas protégées dans d’autres cultures, le christianisme apparaît prisonnier de sa propre modernité. Les concepteurs de ce tableau voulait de la publicité : mission réussie.
Des hommes en drag queen, des femmes intersexuelles: en homme qui aime les femmes qui aiment les hommes, on a également le droit de se lasser de cette propagande. Heureusement qu’il y eut Céline Dion «La Diva» chantant Édith Piaf «La Môme». Sans controverse de genre ni polémique aya-nakamuresque, elle aura mis tout le monde d’accord.
Nasolo-Valiavo Andriamihaja