Même en France, Fetra Ratsimiziva suit de très près la situation du sport à Madagascar. |
Judoka et porte-drapeau de Madagascar aux J.O de Londres en 2012, Fetra Ratsimiziva, olympien, coach diplômé et préparateur sportif, répond à nos questions après les derniers J.O de Paris.
Madagascar n’a encore décroché aucune médaille dans les histoires des J.O. Que manque-t-il aux sportifs malgaches dans cette quête?
Beaucoup de paramètres entrent en jeu comme les infrastructures, la préparation, le budget et financement, la compétition internationale et le stage. Si nous voulons obtenir de meilleurs résultats, il faut tout améliorer, il faut se mettre à jour ou modifier la préparation et les pratiques antérieures qui n’ont jamais apporté les résultats escomptés à ce jour.
Prenons en premier les infrastructures, quelles ont été les grandes lacunes ?
Les Jeux Olympiques ne se préparent pas comme les Jeux des Iles ou autres compétitions. Pour espérer gagner une médaille olympique, il faut des infrastructures adéquates pour chaque discipline. À Madagascar, il n’y a pas assez d’équipements sportifs qui répondent aux normes pour préparer pleinement les athlètes. Cela peut inclure le manque d’équipements techniques, d’infrastructures sportives (gymnase, piscine, piste aux normes IAAF, salle de musculation stade, etc.), ainsi que des entraînements de qualité.
Vous avez soulevé le manque de préparation alors que ces athlètes, du moins quatre ou cinq d’entre eux, se sont entrainés à l’extérieur. Est-ce aussi une question d’entraineurs ?
Nous avons de bons entraîneurs dans chaque discipline, mais la formation est souvent mal organisée ou non conforme aux standards internationaux. Si les résultats olympiques n’ont pas changé depuis pour nos athlètes, à mon avis c’est parce que le mode ou le système d’entraînement reste toujours le même. Cela signifie qu’il doit être amélioré, renouvelé ou modifié pour approcher le niveau mondial. Le manque d’une formation de haut niveau et le manque d’entraîneurs ayant une expérience internationale empêchent les athlètes d’atteindre la maturité technique et tactique nécessaires pour rivaliser avec les athlètes du monde entier.
D’après vous, l’État aurait-il la possibilité de s’impliquer vraiment pour pousser les sportifs à exceller dans leurs disciplines respectives afin d’atteindre le haut niveau?
Pour concurrencer les autres pays dans le domaine sportif, il faut un budget colossal. Or, le sport à Madagascar n’est pas encore une priorité à part entière pour l’État. C’est pourquoi le gouvernement ne fait que ce qu’il juge approprié en matière de financement. Or, si nous voulons obtenir de bons résultats, mieux que ceux obtenus auparavant- finale de Jean Louis Ravelomanantsoa en 1968-, le gouvernement doit faire le maximum. Et puis que les secteurs privés fassent pression et que l’État investisse davantage plus que ce qu’il a fait. Faute de budget proprement dit, les athlètes ne peuvent pas consacrer suffisamment de temps à s’entraîner par manque d’argent. En conséquence, la majorité des athlètes malgaches n’ont pas l’opportunité de participer à des compétitions internationales qui sont des conditions obligatoires pour améliorer les performances et les expériences internationales.
Donné Raherinjatovo