Encore une histoire de fuite de sujets à l’examen du BEPC. Cela commence à devenir monnaie courante. Chaque année, on en entend toujours parler dans les examens. Cette année ne fait pas exception. Des sujets du BEPC sont proposés sur les réseaux sociaux. Il semblerait que ce sont les mêmes sujets que les candidats ont eu à traiter dans les salles.
L’année dernière, les épreuves du baccalauréat avaient été entachées de fuite de sujets concernant la matière Histo-Géo. Une vingtaine de personnes ont été arrêtées mais visiblement la sanction n’était pas assez sévère pour dissuader les malfaiteurs. Il est vrai que la situation de pauvreté incite les gens à commercialiser ce qui peut l’être. Il faut ainsi revoir la procédure de confection des sujets qui reste la même qu’il y a quarante ans. Or, les nouvelles technologies facilitent bien les choses. La haute surveillance des enseignants, leur isolement lors du choix des sujets semblent aujourd’hui insuffisants pour empêcher la divulgation des sujets avant les épreuves. La fuite ne peut provenir que de ceux qui ont élaboré les sujets ou ceux qui sont chargés de les distribuer.
Le mauvais traitement dont les enseignants font l’objet concernant leur niveau de salaire fait qu’ils sont exposés à toutes les tentations.
C’est peut-être la principale cause du problème. Les enseignants, quel que soit leur niveau, constituent le parent pauvre de la fonction publique. Il faut avoir une sacrée vocation pour embrasser une carrière d’enseignant aujourd’hui. Ils passent leur temps à faire la queue pour toucher leur maigre salaire envoyé par bon de caisse dans les bureaux de perception. Un montant déjà englouti dans les bons à gauche et à droite pour joindre les deux bouts avant même d’être perçu. Les plus chanceux cumulent les fonctions dans plusieurs établissements, collèges, lycées ou universités privées. C’est aussi d’ailleurs la principale cause de la baisse de niveau des élèves étant donné que le métier d’enseignant est désormais réservé à ceux qui n’ont rien à faire d’autre même s’ils n’ont aucune qualification.
Les enseignants sont maltraités au niveau des écoles primaires, dans les collèges et lycées ainsi que dans les universités comme en témoignent les grèves récurrentes.
Il faut ainsi trouver un nouveau système pour en finir une bonne fois pour toutes avec cette sale histoire. Il faut commencer par remettre les enseignants à la place qu’ils méritent. Ils étaient les rois des fonctionnaires pendant la première République. Pourtant ils avaient parcouru toute l’île d’un bout à l’autre en dépit des difficultés d’accès, du mauvais état de la route…Ils avaient un logement où qu’ils allaient même si ce n’était pas le luxe. La population vénérait les « instits » vecteurs du savoir.
Quand ils retrouveront la qualification appropriée pour le métier d’enseignant, quand ils retrouveront leur dignité de citoyen comme les autres, les choses seront plus faciles à gérer.
Tout le monde rêve de gagner beaucoup d’argent en fournissant le moindre effort, quitte à risquer sa vie et son avenir en mettant le doigt dans des sujets brûlants. Certes, pauvreté n’est pas vice, mais pauvreté est mère de tous les vices.
Sylvain Ranjalahy