Joe Biden se retire de la course à la présidence des États-Unis et coopte sa vice-présidente. Le 12 août 2020, j’imaginais un scénario un peu comparable à ce qui est advenu ce dimanche 21 juillet 2024. Un véritable «rêve américain», comme j’ironisais alors, et que Kamala Harris a gagné le droit de vivre, au moins jusqu’au soir du 5 novembre prochain.
Entretemps, les images repassent impitoyablement en boucle les «absences» qui ont valu cette disgrâce à Joe Biden. Dans le débat télévisé face à Donald Trump, il présentait manifestement des signes de grande vieillesse, que son adversaire a vite qualifiée de sénilité. Il confondra par la suite le président de l’Égypte avec le président du Mexique, le président français Emmanuel Macron avec son lointain prédécesseur François Mitterrand, l’Ukrainien Zelensky avec son ennemi Vladimir Poutine. Joe Biden en était même arrivé à appeler Donald Trump sa propre vice-présidente Kamala Harris.
En 2020, à 77 ans, Joe Biden fut le plus vieux candidat à devenir président des États-Unis. J’avais alors envisagé un décès prématuré qui eût automatiquement confié la présidence des États-Unis à Kamala Harris. Ce sera un peu plus compliqué avec l’épreuve des urnes face à un Donald Trump nimbé de l’aura du martyr depuis la tentative d’assassinat contre lui.
Rappelons qu’il y a quatre ans, Kamala Harris avait été choisie pour éteindre la polémique née des propos Joe Biden, qui avait comparé les Latinos («communauté incroyablement diverse») et les Afro-Américains («monolithique sauf exceptions notables»). Née d’un père jamaïcain et d’une mère indienne, Kamala Harris avait alors apporté au ticket démocrate son statut de «the first Black woman and the first person of Indian descent to be nominated for national office by a major party», comme le précisait le New York Times.
Joe Biden déclarait se retirer pour le bien du parti démocrate. Comme rien n’est à exclure, et qu’à ce âge, en parler n’aurait rien de scandaleux, une mort naturelle du 46ème président des États-Unis pourrait rapporter de précieux points émotionnels au parti démocrate.
«La vieillesse est un naufrage», disait le général de Gaulle. Son propos visait le Maréchal Pétain, âgé de 84 ans quand il devint Chef de l’État français, en juillet 1940. Donald Trump, 78 ans, n’est plus de première jeunesse non plus, et deviendrait même le plus vieux vainqueur à (r)entrer à la Maison-Blanche, en cas de nouvelle victoire dans quatre mois. Pour l’anecdote, 78 ans, c’était l’âge de Charles de Gaulle quand il démissionna par le fameux télégramme laconique depuis Colombey-les-Deux-Églises.
Nasolo-Valiavo Andriamihaja