Le parc zoologique de Tsimbazaza menacé de disparition ? Cela risque bien d’arriver un jour si on ne prend pas des mesures appropriées pour préserver le seul parc de ce genre dans tout Madagascar. C’est un paradoxe dans la mesure où on peut en doter toutes les régions avec une faune riche et variée. Et c’est dans les parcs zoologiques des îles voisines qu’on retrouve les lémuriens, les caméléons, les oiseaux…
Ces dernières années, des alertes ont été lancées pour attirer l’attention des autorités sur la situation qui prévaut à Tsimbazaza. Malnutrition des animaux, mauvais entretien des infrastructures, nombre d’animaux en diminution… Le personnel se démène comme un beau diable mais les tâches sont herculéennes.
Des décisions ont été prises au niveau de la direction du parc mais visiblement rien n’a changé. Le parc enregistre pourtant une bonne rentrée d’argent surtout en cette période de vacances mais comme il est sous tutelle du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, toutes les recettes doivent être versées au Trésor public. Le parc vivote ainsi avec le budget alloué par le ministère. Il est loin de pouvoir supporter toutes les charges pour que le parc puisse bien fonctionner. Rien que les charges du personnel du parc occupent un poste budgétaire important.
Il faut dire qu’à côté des préoccupations et d’autres problèmes à gérer par le ministère de l’Enseignement supérieur, le parc de Tsimbazaza est loin de figurer parmi ses priorités.
D’ailleurs, la plupart du temps, ce sont des donateurs internationaux qui assurent la construction et la maintenance des infrastructures du parc. Mais les gens bienfaiteurs se sont faits rares ces dernières années. Le parc zoologique se trouve ainsi en sérieuse difficulté. Il y a deux ans, de folles rumeurs faisaient état de la vente du parc à des promoteurs chinois. Une levée générale de boucliers a fait capoter le projet.
Si une gestion privatisée du parc semble difficile à imaginer étant donné justement qu’il sert de centre de recherche, une révision de son statut paraît incontournable pour redonner un nouveau souffle à l’un des endroits les plus visités du pays.
Pour refaire les infrastructures, renouveler les espèces d’animaux, introduire de nouvelles attractions, moderniser les installations, il faut donner une autonomie de gestion au parc. Ses recettes doivent pouvoir assurer au moins les charges de fonctionnement.
C’est l’immobilisme et le maintien d’un système désuet par rapport aux nouvelles technologies et aux nouvelles cultures qui clouent le parc zoologique de Tsimbazaza à l’ère du Moyen Âge. Avec les espèces, l’espace lui-même est menacé de disparition.
Sylvain Ranjalahy