Faut-il maintenir les épreuves d’Éducation physique et sportive dans les conditions actuelles ? Une question qui va certainement offusquer les professeurs d’EPS déjà furieux du peu d’importance accordée à leur matière et surtout à leur statut. Ce sont pourtant des enseignants comme les autres qui ont fait de longues études universitaires. Mais la plupart des diplômés sont au chômage ou se sont reconvertis en d’autres professions faute de postes budgétaires. L’État a créé l’École Nationale Supérieure des Sports pour former des diplômés sans emploi.On sait pourtant combien le développement du sport a besoin de leur service, de leur compétence. Les infrastructures ne servent à rien s’il n’y a pas un encadrement de qualité qui les accompagne. L’illustration de cette déconsidération du corps des professeurs d’EPS est révélée par les épreuves aux examens du BEPC et du BAC. Deux candidats ont été victimes d’évanouissement lors des courses de fonds. Une défaillance à cause d’un manque de préparation visiblement. Et on ne peut pas en vouloir aux élèves de manquer d’entraînement pour plusieurs raisons.
La plupart des établissements ne disposent pas d’infrastructures sportives adéquates pour les séances d’EPS. Les infrastructures municipales comme les stades de Mahamasina et d’Alarobia sont inaccessibles au public. Ils louent des complexes sportifs privés s’ils ont les moyens. Certains candidats font du footing matinal au By Pass ou sur la rocade à titre d’entraînement mais à leurs risques et périls puisque c’est l’endroit de prédilection des bandits le soir ou au petit matin. Il y a néanmoins quelques élèves téméraires qui osent braver le danger. Du coup il est tout à fait normal si beaucoup de candidats subissent des problèmes le jour des épreuves d’EPS. Des décès ont été même enregistrés dans le passé.
Sur le site des épreuves, l’organisation des secours est très aléatoire. Il n’y a pas un seul endroit où on aperçoit un stand de la Croix-Rouge. Certes, il y a un médecin et des voitures banalisées à titre d’ambulance dans les stades mais le danger mérite plus d’attention et de sérieux pour éviter le pire.
Si les conditions ne pourront pas changer en mieux, pourquoi ne pas envisager des épreuves théoriques pour tous les candidats. Cela ne dévalorise pas les professeurs d’EPS et une telle option résout plusieurs problèmes. D’abord les risques d’accident grave, l’insuffisance d’infrastructures, le long déplacement des candidats dont certains viennent d’Ambohimanambola pour aller à Lazaina Ambohimanga. Plus que les épreuves elles-mêmes, c’est un véritable parcours du combattant en attendant qu’une ligne téléphérique relie les deux endroits en cinq minutes. Une sacrée gymnastique dans les deux sens du mot.
Dans tous les cas, si on veut maintenir coûte que coûte les épreuves d’EPS dans leur format actuel, il va falloir trouver des idées pour atténuer les sacrifices des candidats.
Sylvain Ranjalahy