Le Premier ministre Christian Ntsay est en poste depuis juin 2018. |
À l’approche de la proclamation des résultats définitifs des législatives, les interrogations sur l’avenir du gouvernement se font entendre. La question qui revient en boucle porte sur l’avenir du locataire de Mahazoarivo.
Changement ou remaniement ? La question taraude au sein de l’opinion politique. L’issue des élections législatives sera déterminante pour l’avenir de l’actuelle équipe gouvernementale. La grande incertitude concerne le cas de Christian Ntsay, Premier ministre.
Tandis que des candidats députés s'écharpent devant la Haute Cour Constitutionnelle (HCC), une frange de la classe politique se projette déjà sur le visage qu’aura le nouveau gouvernement. Surtout que c’est Andry Rajoelina, président de la République, lui-même, qui a mis le sujet sur le tapis durant son déplacement à Toamasina, samedi.
“Il va de soi que l’issue des législatives définira la configuration des forces politiques. Elle indiquera qui détient la majorité [à l'Assemblée nationale]. Premièrement, c’est celle qui détient la majorité qui présentera le Premier ministre. Deuxièmement, c’est de cette majorité que sera définie la composition du gouvernement”, sont les mots du locataire d’Iavoloha dans son discours d’inauguration du boulevard Ratsimilaho.
Depuis cette déclaration présidentielle, les regards se tournent vers Mahazoarivo. Samedi toujours, le chef de l’État a soutenu, “nous avons bouclé les six premiers mois de ce mandat. Nous allons maintenant accélérer la vitesse de développement du pays. Aussi, nous allons prendre toutes les mesures et adopter les stratégies qui s’imposent à cet effet”. Un changement de gouvernement, qui implique un changement de Premier ministre, ferait-il partie des mesures à prendre ?
Depuis le premier mandat du président de la République, il y a une constante au sein de l’Exécutif. Le duo qu’il forme avec le Premier ministre. Questionné sur l’avenir du locataire de Mahazoarivo, à sa sortie de la cérémonie de proclamation des résultats de la présidentielle, le 1er décembre dernier, à Ambohidahy, Andry Rajoelina a répondu, “on ne change pas une équipe qui gagne”.
Ainsi, Christian Ntsay a été en tête de la liste des “trois noms” présentés par le groupe parlementaire IRD au chef de l’État, en janvier, pour être nommé Premier ministre. “La continuité” est l’explication avancée par les députés contactés à ce moment-là. Ils avaient toutefois ajouté, “nous réévaluerons la question à l’issue des élections législatives”.
Consensus ?
Lors de la présentation de l’actuelle équipe gouvernementale le 14 janvier, le président Rajoelina, lui aussi, a laissé entendre que l’issue des législatives pourrait redistribuer les cartes au sein de l’Exécutif. Cela concernerait-il également le poste de chef du gouvernement ? Certains observateurs politiques estiment qu'un changement de Premier ministre, dès le début de ce mandat, pourrait insuffler une nouvelle dynamique à la gestion des affaires étatiques et serait donc une option à envisager.
En termes de calendrier politique, le début prochain d’une nouvelle législature est opportun pour procéder à des changements au sein de l’Exécutif. Selon l’article 54 de la Constitution, “le président de la République nomme le Premier ministre, présenté par le parti ou le groupe de partis majoritaire à l’Assemblée nationale”. Seulement, en coulisse, le locataire d’Iavoloha aura son mot à dire sur celui ou celle qu’il souhaite nommer pour siéger à Mahazoarivo.
Cependant, des frustrations inhérentes à la nomination du Premier ministre ont généré la fronde menée par d’anciennes figures de la majorité à l’Assemblée nationale sortante, contre l’Exécutif. À entendre la déclaration présidentielle, à Toamasina, samedi, la présentation et la nomination prochaine du locataire de Mahazoarivo pourraient découler “d’un consensus”, avec la nouvelle majorité. Une majorité qui est provisoirement acquise par la coalition au pouvoir, “Isika rehetra miaraka amin’i Andry Rajoelina” (Irmar).
En principe, le locataire présentera la démission du gouvernement à l’issue de la proclamation des résultats définitifs des législatives. À s’en tenir aux indiscrétions, une question est sans réponse jusqu’à l’heure au sein du camp présidentiel. Qui pour remplacer Christian Ntsay ? Il n’est pas à écarter, toutefois, qu’en haut lieu, la réponse soit déjà connue. Au moment de la mise en place du gouvernement de consensus, en juin 2018, l’actuel Premier ministre a été la surprise du chef. Même les haut-parleurs des Orange ne l’avaient pas vu venir.
S’agissant du gouvernement, la seule certitude jusqu’ici est qu’il y aura une recomposition de l’effectif. “Je le dis d’emblée. Pour les dirigeants qui n’arrivent pas à suivre le rythme. Je ne pourrais pas vous tracter. Le mieux serait de s’arrêter. Il n’y a plus d’excuses”, a aussi soutenu Andry Rajoelina, à Toamasina. Des propos qui ne sont visiblement pas fortuits. Lors de leur présentation, le 14 janvier, chaque ministre a prêté serment et s’est engagé à démissionner s’ils ne réussissent pas leur mission.
Garry Fabrice Ranaivoson