Tsivahora, un Mikea qui a aidé Thierry Cron dans la réalisation du livre sur la communauté Mikea. |
L’artiste et photographe Thierry Cron a écrit un livre sur la communauté Mikea, intitulé «Mikea-Les derniers chasseurs-cueilleurs de Madagascar, une culture en voie de disparition», présenté hier au Campus Telma Andraharo.
En voie de disparition, les derniers gardiens de l’originalité malgache. Hier, au Campus Telma Andraharo, un ouvrage captivant sur la culture Mikea a été dévoilé devant la presse. Intitulé «Mikea Les derniers chasseurs-cueilleurs de Madagascar, une culture en voie de disparition», cet ouvrage est le fruit du travail de Thierry Cron, en collaboration avec Telma et la Fondation Axian. Les Mikea, peuple autochtone de Madagascar, sont souvent décrits comme les derniers chasseurs-cueilleurs de la région Sud-ouest de l’île, dans la forêt semi-aride appelée la forêt de Mikea. Le livre, composé de deux cents pages, raconte leur histoire à travers des photos et des textes en deux versions, malgache et française.
La première partie parle du récit de leur quotidien comme une journée de chasse. La deuxième partie dévoile la réalité de leur vie, leurs problèmes sociaux, environnementaux, croyances et éducation. Enfin, la troisième partie présente des portraits de familles avec leurs noms écrits. « J’ai pris deux mille photos lors de mon séjour chez les Mikea. Je voulais capturer des moments représentatifs de leur vie. Ma propre vie a changé. J’ai vécu une expérience où l’on peut vivre simplement, sans téléphone, déconnecté, mais en harmonie avec la nature. C’est un moment de paix et de repos. J’y suis allé trois fois en un an, passant deux semaines sur place. L’écriture du livre a pris environ huit mois. J’ai voulu prendre l’histoire de Tsivahora, c’est lui qui raconte l’histoire, c’est lui la voix des Mikea », souligne l’auteur du livre et photographe Thierry Cron.
Une communauté menacée
Actuellement, les Mikea sont confrontés à des défis importants. La déforestation, la pression démographique et le changement climatique menacent leur mode de vie traditionnel. « La déforestation, en particulier, réduit l’habitat naturel des Mikea et limite l’accès aux ressources dont ils dépendent. De plus, l’incursion de l’agriculture commerciale et l’exploitation forestière illégale dans la région exacerbent ces problèmes. Malgré ces défis, les Mikea continuent de préserver leur culture et leurs traditions», souligne une responsable au sein de Telma. « Nous sommes des humains, pas des animaux, même si nous ne portons pas de vêtements. Auparavant, nous étions en sécurité, vivant cachés, mais un jour, une grande machine est venue construire une route, révélant notre communauté et permettant à tout le monde de venir exploiter nos forêts, les brûler et pratiquer une agriculture qui n’est pas la nôtre. Actuellement, le Mikea est en train de disparaître à cause de cette révolution, même s’il est devenu un parc national. Nos gestes sont limités maintenant, même faire du feu à travers la pierre et le bois est interdit. On peut étudier à l’université, mais peu importe où nous sommes, nous restons toujours des Mikea. Face à tout cela, je transmets encore à notre peuple, environ plus de mille quatre cents personnes dans le parc, la vraie culture Mikea. Je sollicite aussi tous les Malgaches à nous aider à préserver jusqu’au bout la culture Mikea », exprime Tsivahora, un Mikea.
Pour promouvoir et soutenir la communauté Mikea, une série d’événements caritatifs est prévue. Le samedi 4 mai à la Fondation H, des slameurs interpréteront des textes tirés du livre de Thierry Cron. Du 7 mai au 29 juin, l’IFM accueillera une exposition photographique de Thierry Cron, accompagnée de la vente de son livre sur les Mikea. Il y aura aussi une exposition d’objets du quotidien et de la culture Mikea collectés par Jean Claude Vinson, un expert ayant longuement œuvré autour des Mikea et de leur préservation.
Nicole Rafalimananjara