Madogascar

Depuis hier, le foie gras et les beignets ne constituent plus les seuls produits made in Behenjy. Avec la mise en service de la centrale hydroélectrique HydroMado, Behenjy fournit également 1,4 MW d’électricité. Quelle chance pour cette commune commerçante, ville d’origine de quelques personnalités politiques ayant marqué la vie nationale, qui ont réussi à se hisser en haut de la hiérarchie dans des conditions difficiles.

Behenjy et ses environs en ont donc fini avec les affres du délestage. Et si la mise en place, il y a quelques années, de groupes thermiques hideux avait laissé de très mauvais souvenirs à la population avec le bruit qu’ils font, il n’en est rien cette fois. Il s’agit d’un bel exemple du partenariat public-privé, quelques semaines après la rencontre entre le président de la République et le secteur privé. Qui plus est, le groupe Mado est fondé et dirigé par un Malgache. On a donc toutes les raisons d’être fier de cette belle réalisation même si la capacité de la centrale est limitée à 2 MW. Le groupe Mado a montré que quand on veut, on peut. Il n’y a que le premier pas qui compte.

Il faut ainsi multiplier et surtout soutenir ce genre d’initiative pour régler une bonne fois pour toutes le problème d’énergie. Eh oui, il ne faut plus attendre les grands projets qui s’annoncent et qui ne se sont jamais réalisés, laissant la population à sa faim, seule dans sa détresse, abandonnée dans sa colère. Si en 2018, Madagascar était classé 184e sur 190 pays par le Doing Business en matière de connexion électrique, la situation s’est visiblement détériorée. À preuve, une usine de verrerie d’un investissement étranger vient de nous filer entre les doigts au profit de Maurice, faute d’énergie.

C’est de cette manière qu’on pourra atteindre l’objectif de connecter 70% de la population à l’horizon 2030, étant donné que les grands projets financés par les bailleurs de fonds, à l’image de Pagose d’un montant de 100 millions de dollars de 2016 à 2018, ont accouché d’une souris. Certes, on est encore très loin des 400 MW à combler pour satisfaire toutes les demandes, mais avec des centaines de petites centrales comme HydroMado, on y arrivera.

C’est d’autant plus vrai qu’avec les subventions déboursées par l’État à hauteur de 1200 milliards d’ariary par an pour éponger les dettes de la Jirama, on pourrait justement en construire dans tous les districts. Il faut faire un choix et en finir avec les partenaires voraces de la Jirama ainsi qu’avec la mauvaise gestion, sinon la gabegie. Si la Jirama continue d’être un bon client de ses prestataires avant d’être un détaillant de ses pauvres abonnés, rien ne changera. Vive Madogascar.

Sylvain Ranjalahy

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