Dans plusieurs bureaux de vote, le personnel avait peu de choses à faire durant une bonne partie de la journée, hier. |
Il n’y avait pas foule dans les bureaux de vote durant la journée des élections législatives. Un faible engouement des électeurs est constaté. À la mi-journée, le réseau d’observateurs électoraux Safidy avance une estimation du taux de participation de 22,7%.
Terne. Pour une journée électorale, l’ambiance a été morose auprès de la plupart des bureaux de vote. Dès les premières heures après le coup d’envoi du scrutin, les observateurs ont constaté le faible engouement des électeurs. Une tendance qui s’est confirmée jusqu'à la clôture des votes.
Les selfies des électeurs, le pouce imbibé d’encre indélébile, preuve qu’ils ont voté, qui inondent les réseaux sociaux, tranchent avec la réalité sur le terrain. Durant la matinée, jusqu’en milieu d’après-midi, il n’y a pas eu foule dans les bureaux de vote. Pour Antananarivo, les rares exceptions ont été constatées dans quelques centres de vote du 3e, 4e et 5e arrondissements. À la mi-journée, le réseau d'observateurs électoraux Safidy a publié un taux de participation estimé à 22,7%.
Safidy est la seule entité d’observation électorale accréditée à avoir des observateurs sur l’ensemble du territoire national. Le chiffre qu’elle a publié hier à midi indique une légère baisse du taux de participation par rapport aux législatives de 2019. Il y a cinq ans, à la même heure, le taux de participation était estimé à 23,7%.
Comme à chaque élection, néanmoins, le taux d’affluence constatée auprès des bureaux de vote a connu une légère amélioration en fin d'après-midi, et même juste avant la clôture des votes.
Seulement, à l'issue des décomptes de voix, les taux de participation par bureau de vote oscillaient entre 30% et 40%. Une situation constatée dans les centres de vote des quartiers à forte concentration d'électeurs, comme Anosibe, Anosizato Atsinanana, ou encore les 67 hectares et Andavamamba. Pour la députation de 2019, toujours, le taux de participation était au final de 36%.
À 22 heures hier, la Commission électorale nationale indépendante (Ceni) n’a pas encore publié une estimation du taux de participation. Partant du constat sur le terrain, il est probable que le niveau d’engouement des électeurs pour le vote d’hier avoisine le chiffre de 2019. Il est probable que le taux de participation à ces législatives avoisine, voire plus faible que celui de la dernière élection présidentielle.
Défaillance
De prime abord, l’engagement dans la course à la députation des personnalités et entités politiques ayant boycotté la présidentielle n’a pas suffi à booster l’enthousiasme des électeurs. La participation d’une diversité de candidats a néanmoins permis d’avoir de belles batailles dans les urnes. Bien que les bureaux de vote aient été relativement calmes durant la journée, l’ambiance électorale tant attendue était bien au rendez-vous au moment du décompte des voix.
À Anosibe et Mahamasina, par exemple, les partisans des uns et des autres ont donné de la voix à chaque suffrage obtenu par leur favori. Du point des observateurs, ce faible taux de participation récurrent aux législatives pourrait s’expliquer par un désintérêt des électeurs face aux offres politiques existantes. Même les candidats indépendants ont eu du mal à exister durant le scrutin d’hier, à s’en tenir aux échos des tendances non officielles.
La méconnaissance du vrai rôle du député, souvent confondu avec celui de l'Exécutif, est également une raison probable de ce désintérêt apparent vis-à-vis du vote. Une fois élus, les législateurs sont souvent accusés de délaisser leur circonscription et de ne pas tenir leurs promesses de campagne. Pourtant, leur vocation première est de voter les lois et de contrôler les actions du gouvernement.
À part quelques exceptions, les candidats et les écuries politiques ont, par ailleurs, privilégié les démonstrations de force populaire aux débats d'idées et à la mobilisation de leur électorat pour aller voter. Le rôle du député a encore été dévoyé durant la campagne. “Une défaillance qui prévaut également pour la société civile, dont plusieurs obtiennent pourtant des financements pour une éducation citoyenne et électorale”, déplore Heritiana Andriamalala, président du parti Ilo Mada, sur une station privée de la capitale hier.
Les débats politiques autour de l'élection installant une ambiance de suspicion vis-à-vis des institutions électorales ont aussi un effet démotivant sur les électeurs. Ce sentiment de méfiance, cultivé par les politiciens, a engendré des tensions, voire des incidents, entre les partisans de différents candidats auprès de certains centres de vote.
Garry Fabrice Ranaivoson