TOURISME  - À la découverte des circuits prisés de l’Isalo

La « botte de l’Isalo » se découvre après 30 minutes de marche dans le circuit des « Malaso ».

Le massif de l’Isalo, situé dans la commune rurale de Ranohira, district d’Ihosy, région Ihorombe, attire deux cents visiteurs par jour en haute saison touristique. Il ne s’agit pas seulement pour les touristes de découvrir des montagnes de roches, mais de s’émerveiller devant une pure merveille de la nature. 

De petits et grands circuits y sont organisés pour faciliter la découverte du patrimoine. Le circuit des « Malaso », le circuit « Namaza » et le circuit de la « grande piscine naturelle » sont, entre autres, les plus visités par les touristes et les randonneurs.

Le massif de l’Isalo s’étend sur près de 86 000 ha, allant de Ihosy-Ranohira à Ilakaka et vers les districts de Beroroha et Ivohibe. Le parc national de l’Isalo existe depuis le 19 juin 1962. Il détient un record d’entrées de touristes intéressés par les grands paysages depuis une dizaine d’années avec une moyenne de trente mille visiteurs par an. Le massif de l’Isalo est un relief sculpté par des érosions se produisant depuis des millions d’années avant notre ère. C’est le résultat de sédiments compactés dans une fosse océanique, surélevés par la pression de plaques tectoniques. L’érosion et le vent ont laissé des pics aux formes extraordinaires de grès, de canyons, de grottes et de piscines naturelles. Il est décrit par les scientifiques comme « un massif de grès jurassiques épais, creusé de profonds canyons lui donnant une allure ruiniforme ». Il s’étend sur près de 86 000 ha, et fait plus de 100 km, du nord au sud. Le ticket d’entrée au parc est de 65 000 ariary pour les étrangers adultes et 2 000 ariary pour les nationaux. Une taxe locale de 2 000 ariary par visiteur pour la commune de Ranohira et les frais de guidage sont de l’ordre de 160 000 ariary par jour, en fonction du nombre de visiteurs.

Beau et grandiose

Vers 17h, la « fenêtre de l’Isalo » est envahie  par les touristes nationaux et surtout étrangers.

Kaloy Morgan, un jeune touriste, passe quatre jours à Isalo avec sa famille. Un guide touristique est proposé par le Madagascar National Park (MNP), gestionnaire du parc, et l’association des guides. « Les randonneurs doivent obligatoirement être accompagnés par un guide. Ce dernier expliquera les détails des circuits et servira de sécurité pour les randonneurs », précise un accueil au bureau du MNP à Ranohira, à l’entrée du parc.

Le premier jour est consacré à une introduction en douceur à la nature de l’Isalo. Un circuit en 4X4 est proposé, couvrant un trajet de 12 km pour aller admirer la « botte de l’Isalo », une formation rocheuse taillée exactement comme une botte. Ensuite, une balade en 4X4 suit l’ancien circuit des « Malaso », ou les bandits voleurs de zébus qui utilisaient autrefois ce chemin comme un passage secret pour dissimuler leurs larcins. Cette balade offre une vue spectaculaire sur la grandeur des montagnes, des plaines et des falaises, ainsi que sur la diversité des plantes et des arbustes. Le circuit léger passe par la « reine de l’Isalo », une roche en forme féminine coiffée d’une couronne, et se termine à la « fenêtre de l’Isalo », un rocher sculpté en forme de fenêtre permettant à une centaine de touristes par jour d'admirer le coucher du soleil. « C’est tout simplement magnifique, grandiose et merveilleux », confie Kaloy Morgan, qui découvre pour la première fois l’Isalo. La vue du coucher de soleil laisse également les autres touristes émerveillés.

Le circuit populaire de Namaza

La grande piscine naturelle se découvre au bout du circuit.

« Je me suis préparé pour la marche car on m’a informé qu’il s’agit surtout de marcher pour découvrir les montagnes de roches, les canyons et les piscines naturelles », explique Kaloy Morgan. Il s’agit d’une randonnée de deux à trois heures où la découverte se fait dans les dédales d’une forêt qui abrite diverses espèces de plantes et d’animaux, tels que les lézards, les papillons, les oiseaux et les lémuriens qui ne se trouvent que dans cette partie du pays. Les sentiers étroits permettent d’être en contact direct avec la nature très verte cachée entre les roches de montagne. « Le circuit Namaza comprend la découverte de la piscine bleue et la piscine noire. Mais l’accès y est clos pour l’instant car des aménagements s’y tiennent », explique le guide touristique Mamy Nimaise. En mars 2022, six personnes ont trouvé la mort, piégées dans les sentiers, lors d’un passage brusque de torrent entre les falaises. C’était un groupe de famille qui empruntait le chemin vers ces deux piscines naturelles qui se démarquent par leur couleur.

La  grande piscine naturelle

Une photo du point de vue du « Petit Nazareth » est incontournable pour marquer le passage au Colorado de Madagascar.

La montée est un peu rude pour ce circuit également très populaire. La marche dure six heures en moyenne où il faut passer par « les chemins des tombeaux Bara », l’ethnie de la région d’Ihorombe. Le guide montre à gauche et à droite du sentier, des formations rocheuses d’une altitude impressionnante et explique que les défunts Bara se trouvent entre les roches. L’altitude varie entre 500 m et 1 268 m. « Les tombeaux Bara se trouvent dans les façades des formations rocheuses. Des fentes ont été ouvertes entre les roches pour y glisser des cercueils des défunts. Ces emplacements sont les tombeaux définitifs des défunts Bara », explique le guide. L’accès vers ces fentes est très compliqué car il n’y a pas de chemin tracé. Aussi, les cercueils sont-ils tirés par des cordes depuis une certaine hauteur pour pouvoir se glisser dans les fentes. Tout un exercice physique pour les proches des défunts qui doivent se maintenir accrochés tels que des escaladeurs pour faire passer les cercueils.

Sur le chemin vers la grande piscine naturelle, les Bara croient au pouvoir des pierres pour arranger un futur radieux. Aussi, les touristes qui y passent sont-ils invités à jeter une pierre sur un amas de pierres rondes et formuler des vœux. Leur accomplissement dépend de la « foi » de chacun. Après une marche sous un fort soleil dans un paysage sec et rocailleux et une petite forêt de Tapia, se dresse une vue époustouflante, « le Colorado de Madagascar ». Des montagnes rocheuses à perte de vue, et selon les explications de Mamy Nimaise, aucune formation calcaire n’a été découverte par les scientifiques dans les environs de ces montagnes. Une beauté étonnante de la nature.

Une biodiversité sans égal

La Fondation pour les aires protégées et la biodiversité de Madagascar (FAPBM) recense quatre-vingt-quatorze espèces d’oiseaux, dont 70  % sont endémiques dans le parc national d’Isalo. « Environ 30 % des touristes étrangers s’intéressent aux oiseaux. Des circuits spéciaux dédiés aux oiseaux sont organisés tous les ans pour les ornithologues. Isalo possède, entre autres, le merle de Benson ou Pseudocosyphus bensoni », détaille le guide touristique de la famille de Kaloy Morgan. Les lémurs catta, les lémuriens de l’espèce propithèque Verraux et l’eulumur fauve vivent au parc. On y trouve quatorze espèces de lémuriens diurnes et nocturnes. « La gestion du parc national de l’Isalo est de type cogestion collaborative avec la participation des membres de la communauté locale dans les activités de conservation et de développement », précise le site de la FAPBM.

Les lémuriens constituent un attrait touristique numéro un.

La commune rurale de Ranohira en pleine vie

Depuis 2016, le maire de la commune rurale de Ranohira, Mionjo Andriamampiandra Philipson, a imposé une taxe communale de 2 000 ariary par visiteur du parc national d’Isalo. « Ceci, sous délibération communale, je précise. Et en 2023, nous avons pu récolter 81 millions d’ariary pour vingt-neuf mille touristes environ », informe le maire. « Nous avons pu installer des infrastructures sociales telles que des dispensaires, des écoles et nous projetons d’embellir la ville de Ranohira en commençant par la place de l’indépendance sur la grande place. Les autres fokontany, huit en tout, ne sont pas en reste avec l’amélioration de la sécurité, de l’éducation et de la Santé publique », explique le maire de Ranohira.

MiotiSoa Mare

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